Le Sevmorput en avarie au large de l’Afrique

19 nov. 2020

19 novembre 2020 – 15h30- Communiqué n°2

L’arrivée du cargo russe à propulsion nucléaire était programmée début novembre aux abords de la station Progress, au nord du continent Antarctique.
Depuis plus d’un mois, le Sevmorput est en avarie. Il fait à vitesse réduite des allers et retours dans un petit carré de l’océan Atlantique sud au large de l’Angola et du Congo Brazzaville.

Selon des informations diffusées sur le réseau social Vkontakte et relayées par le Barents Observer, la panne du seul navire civil à propulsion nucléaire encore en activité ne concernerait pas le compartiment réacteur. Les problèmes techniques proviendraient de l’arbre porte-hélice. Des plongeurs seraient à l’œuvre pour effectuer des réparations qui ne pourront être que précaires.

Sevmorput, Oblast d’Arkhangelsk (Russie), 6 mars 2019 © Sander van Hool


Mouvements du Sevmorput du 18 au 19 novembre 2020 © Capture d’écran MarineTraffic

Il est probable que les autorités russes et Rosatom, l’organe de gestion des installations nucléaires et l’armateur du Sevmorput, cherchent à l’heure actuelle un port refuge en Afrique australe ou centrale.

L’autre hypothèse serait que le Sevmorput soit remorqué vers Mourmansk, en Arctique, son port de départ. Sevmorput est une abréviation de Severny Morskoy Put soit « Route du Nord ».

Le Sevmorput devait débarquer à proximité de la station russe Progress 5000 tonnes de colis lourds et d’équipements destinés à l’extension de la station Vostok distante d’environ 1400 km à l’intérieur du continent Antarctique.

Entre 2008 et 2012, le Sevmorput était désarmé et promis à la démolition mais Rosatom en 2013 a finalement décidé de prolonger son exploitation et de le rénover. Le navire devait être remis en état sur un dock flottant au nord de Mourmansk. Ce dock flottant ayant coulé en 2018, le Sevmorput a été dirigé sur un chantier naval de Saint-Pétersbourg en 2019 pour y subir des travaux de maintenance, de remise en état de la coque et le remplacement de l’arbre porte-hélice.

Assurer en toute sécurité l’accès à la baie de la station Progress de ce porte-conteneurs atomique de 260 mètres de long aurait été une gageure et un risque inconsidéré du simple point de vue de la sécurité maritime.

Le Traité de l’Antarctique interdit le dépôt de déchets nucléaires sur le continent et ses eaux côtières. En fonctionnement normal, le réacteur du Sevmorput contenant 150 kg d’uranium enrichi rejette des produits de fission qui peuvent être stricto sensu considérés comme des déchets nucléaires. Robin des Bois s’étonne que l’Australie, la France, les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, l’Afrique du Sud et les autres pays signataires du Traité n’aient pas exprimé leur opposition ou leurs réserves vis-à-vis de cette intrusion de l’énergie nucléaire en Antarctique.

Voir à ce sujet :
Un cargo atomique louvoie vers l’Antarctique, 10 novembre 2020 (communiqué n°1)

 

 

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