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Voyage au bout du recyclage

Sur une superficie de 13 hectares à Rogerville dans la zone portuaire du Havre, le site de la société franco-suisse CITRON -Centre International de Traitement et de Recyclage des Ordures Nocives- continue malgré sa fermeture administrative en fin d’année 2010 à être dangereux pour l’environnement et pour les eaux de la baie de Seine.

Depuis fin décembre, un tas de 4.000 tonnes de résidus de traitement thermique est en auto-combustion (photos et vidéo disponibles en ligne [1]). Ce feu latent dégage des fumées toxiques et persistantes. Il menace de se propager aux autres résidus dispersés sur le site (environ 100.000 tonnes) et à un stock de déchets inflammables évacués des halles couvertes après le dernier incendie survenu chez CITRON quand l’usine était en exploitation en octobre 2010.

L’autorité préfectorale vient d’enjoindre l’ADEME de débarrasser le site CITRON des résidus en auto-combustion.

 combustion_citron_RdB [2]Auto-combustion dans des massifs de résidus de traitement thermique
début janvier 2011 © Robin des Bois

Considéré par l’ADEME et les éco-organismes chargés de la collecte des piles, des DEEE et des lampes comme un phare du recyclage en France et en Europe, CITRON se révèle enfin pour ce qu’il a toujours été : un boulet, une imposture et sans doute une escroquerie.

Dans le droit fil de la Directive déchets du parlement européen et du Conseil, CITRON prétendait fabriquer et vendre des matières premières secondaires à partir de déchets. « Vos déchets sont nos matières premières » clamait CITRON à tout bout de champ, y compris à propos du mercure des piles et des lampes. Grâce à des prix attractifs, CITRON attirait aussi les boues et les cendres métalliques. La société franco-suisse prétendait revendre aux cimenteries le « produit » de leur traitement mais dès septembre 2006, le syndicat français de l’industrie cimentière écrivait au Préfet de Seine-Maritime que « les quelques expériences effectuées n’ont pas du tout été concluantes ».

Aujourd’hui, au total, 135.000 tonnes de déchets sont sur le carreau. CITRON France et CITRON Holding en Suisse sont toutes les deux en faillite. Le principal flux alimentant CITRON par trains entiers et réguliers provenait de la banlieue de Bâle sous l’appellation de « déchets de déchiqueteurs ». Avec l’incendie d’une partie des déchets et des stockages sur la terre battue et à ciel ouvert, CITRON fermé est aussi polluant que CITRON ouvert.