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Une rentrée sertie de plomb

Notre-Dame de Paris, communiqué n°6

Addendum du 28 août 2019:
Les informations très récemment diffusées par la mairie de Paris ne sont pas fiables. Seuls les 3 établissements de la rue Saint-Benoît ont fait l’objet d’un “protocole de traitement” réalisé par des professionnels et surveillé par l’Inspection du travail. Dans les autres établissements, la mairie de Paris parle de “traitement” de “travaux en cours”, d’ « intervention », de “nettoyage”, de “mesures à entreprendre”. La mairie de Paris ne précise pas quand et par qui ces opérations éparses sont réalisées. Aucun rapport de décontamination n’est disponible. Pour rappel les rapports de contamination sont encore disponibles à ce jour sur https://www.paris.fr/pages/incendie-de-notre-dame-l-essentiel-concernant-la-pollution-au-plomb-7028/ [1] (au bas de la page).

 

Les prélèvements et analyses de plomb dans les établissements pollués ont été réalisés entre le 13 mai 2019 et le 8 août 2019 suite à l’incendie de Notre-Dame. Les écoles primaires et les collèges publics sont gérés par la mairie de Paris, les lycées publics par la région Ile-de-France. Les établissements privés sont gérés par l’OGEC (Organisme de Gestion de l’Enseignement Catholique).

Cartographie des crèches, écoles maternelles, écoles élémentaires, collèges et lycées pollués par le plomb

[2]Agrandir la carte [2]
Sources principales : Mairie de Paris (Incendie de Notre-Dame, Le point sur les crèches et les écoles [3]) et Conseil régional d’Île-de-France (Notre-Dame /plomb : état des contrôles de la Région dans ses lycées [4])

Environ 55.000 enfants et adolescents entre 3 ans et 17 ans sont scolarisés dans les 1er, 4ème, 5ème, 6ème et 7ème arrondissements (1). Moins de 200 ont fait l’objet d’une plombémie.

Seuls 3 établissements, école maternelle et école élémentaire Saint-Benoît et collège Jacques Prévert rue Saint-Benoît dans le 6ème arrondissement, ont fait l’objet d’une décontamination. Le chantier surveillé par l’inspection du travail a duré trois semaines.

La région Ile-de-France pratique la valse des seuils. Elle prend en référence le seuil de 1000 µg/m2 qui correspond à un seuil résiduel maximal après des travaux d’assainissement. L’instruction du ministère de la Santé relative au dispositif de lutte contre le saturnisme infantile et de réduction des expositions au plomb dit qu’au-dessus de 70 µg/m2 il y a un risque d’intoxication au plomb. En fait, 7 lycées sont pollués et à cette heure aucune information n’est disponible sur les modalités d’assainissement, leur efficacité et la compétence des personnels engagés.

Selon Robin des Bois, la rentrée scolaire dans tous les établissements présentant des teneurs en poussières de plomb supérieures à 70 µg/m2 devrait être différée aussi longtemps que des travaux d’assainissement et d’extraction du polluant ne seront pas entrepris. Cette recommandation s’adresse en priorité aux écoles primaires. Des solutions palliatives comme le masquage des surfaces polluées par des résines ou autres revêtements, l’interdiction d’accès aux pourtours contaminés des arbres, la fermeture des jardins pédagogiques ne garantissent pas dans l’immédiat et à moyen terme le confinement des poussières de plomb. Ces bricolages résulteraient d’un manque d’anticipation et de négligences dans la prise en compte de l’enjeu sanitaire des poussières de plomb.

Pour ce qui concerne les 154 établissements scolaires qui n’ont pas été diagnostiqués dans les arrondissements considérés par les pouvoirs publics comme soumis à l’influence de l’incendie de Notre-Dame de Paris, nous recommandons à tous les parents à titre individuel ou regroupés au sein de collectifs d’exiger auprès de la direction de l’établissement l’affichage du diagnostic plomb quand il a été réalisé ou à défaut sa mise en œuvre planifiée. Les lycéens et lycéennes sont aussi en droit d’exiger des informations auprès des proviseurs et des professeurs.

Il en va de même pour les crèches. Tous les parents doivent exiger dans les mêmes arrondissements la présentation d’un diagnostic garantissant l’absence de contamination par le plomb.

Compte-tenu de la dérive et de l’accumulation des poussières de plomb sur la voirie des arrondissements concernés, il est recommandé comme cela se pratique dans la crèche de la préfecture de Police de Paris rue du Cloître-Notre-Dame d’organiser un sas de déchaussement réduisant l’importation de poussières de plomb à l’intérieur des établissements accueillant des enfants. En effet, les semelles des chaussures des personnels d’accompagnement, des parents et  des enfants sont les principaux vecteurs de contamination sans oublier les châssis et les roues des poussettes.

Les établissements scolaires sont souvent insalubres et exposés à des sources historiques ou contemporaines de plomb, de solvants chlorés, d’hydrocarbures volatils. L’enquête de Robin des Bois de 2017-2018 a abouti à la diffusion exclusive sur notre site Internet [5] de 1207 synthèses de diagnostics des sols sur les lieux accueillant des enfants et des adolescents bâtis sur ou à proximité immédiate de sols pollués. Cette liste n’est pas exhaustive. Régulièrement, de nouveaux établissements scolaires sortent de l’ombre et sont exposés aux feux de l’actualité à cause de l’amiante, du trichloroéthylène à Paris [6] et de l’arsenic dans la vallée de l’Orbiel (Hérault). La situation est globalement préoccupante. Le ministère de l’Education Nationale reste muet à ce sujet.

(1) Voir liste compilée par Robin des Bois d’après les sites Internet de l’Education nationale et du Rectorat de Paris [7]
et la liste compilée par Robin des Bois des établissements petite enfance d’après le site Internet de la mairie de Paris [8]