Teghjime – L’escalade des déchets

5 janv. 1996

Dans la décharge du col de Teghjime au-dessus de la ville de Bastia, environ 400.000 tonnes de déchets ménagers, hospitaliers, industriels et banals ont été déversés. Le seul arrêté préfectoral qui s’applique à Teghjime date de 1973 et impose des prescriptions “pour l’exploitation de l’usine de traitement des ordures ménagères et l’installation de combustion qu’elle comporte”. L’incinérateur de Teghjime est fermé depuis belle lurette mais les déchets s’accumulent sur le flanc de la montagne à un rythme accéléré. Selon le témoignage des employés municipaux de la ville de Bastia travaillant sur le site de Teghjime, l’apport journalier serait en moyenne de 400 tonnes par jour (200 tonnes collectées par le district de Bastia et 200 tonnes amenées par des entreprises et des particuliers).

35 ans après l’ouverture de cette décharge sauvage, une question cruciale se pose, qui intéresse à la fois la sécurité publique et la santé publique.

La stabilité du massif de déchets est-elle assurée, notamment pendant et après les périodes de fortes pluies et de crues ?

Il serait imprudent d’assimiler cette montagne et ces escarpements de déchets sommairement tassés à une structure géologique stable et pérenne. Un glissement partiel ou global se traduirait par une coulée de boue toxique et pestilentielle dans la vallée de la Curbaia qui menacerait les hameaux et quartiers d’Agliani, les zones commerciales et artisanales de la plaine de Bastia et le campement de gitans. Les conséquences sociales, sanitaires et environnementales d’un brutal relargage des polluants chimiques et bactériologiques de Teghjime sont, en l’état, difficilement calculables, mais l’éclosion de maladies générées par une mauvaise gestion des déchets et les pollutions de l’étang de Biguglia et de la Méditerranée sont probables.

Non seulement Teghhjime est un défi aux lois de la pesanteur, mais sa gestion quotidienne est un défi aux instructions techniques élaborées par le Ministère de l’Environnement :

Pas de pesée et d’identification à l’arrivée. Pas d’aménagement de prévention et de contrôle de la pollution des eaux. Les déchets ne sont pas recouverts le jour même de matériaux inertes facilitant la sédimentation des nouveaux apports et réduisant la prolifération des insectes, des combustions spontanées et des nuisances olfactives. Pas de moyen efficace de lutter contre les incendies. L’absence de captage du méthane provenant de la décomposition des déchets crée des risques d’explosion comme l’atteste le Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industrielles dans sa banque de données sur les accidents dans les décharges d’ordures ménagères.

En conséquence, l’association Robin des Bois demande à l’autorité préfectorale de diligenter une étude de danger sur la stabilité du massif de déchets de Teghjime, de garantir la sécurité des habitants et travailleurs de la basse vallée de la Curbaia et la qualité de leur environnement. L’accès à la décharge de Teghjime doit être fermé dans les plus brefs délais, sauf pour les gravats et les matériaux inertes propres susceptibles de contribuer à la mise en sécurité de la décharge ou d’une partie de la décharge.

 

 

 

 

 

Imprimer cet article Imprimer cet article