Taser pour les soles – n°3

20 nov. 2017

La pêche électrique, vieux fantasme des pilleurs de poissons, des chasseurs de baleines et du régime nazi (1) revient au goût du jour en Europe.
La pêche et l’électricité flirtent depuis longtemps en Europe. Le premier hameçon électrique a été mis à l’honneur en 1880 à la foire exposition de Berlin.
En 1997, l’Union Européenne autorisait encore l’usage de l’électricité au large du Danemark pour tuer les thons et les requins.
En 1998, l’UE se décide enfin à interdire dans toutes les eaux maritimes des Etats-membres “la capture d’organismes marins au moyen d’explosifs, de poisons, de substances soporifiques et de courant électrique”.

Mais en 2009, la pêche électrique est revenue à la charge sous l’impulsion des Pays-Bas. Depuis, à titre dérogatoire, une petite centaine de chalutiers hollandais, belges et allemands utilisent en mer du Nord et dans la Manche des chaluts à impulsion électrique.
Des rapports anciens ou récents en provenance de Chine, de Russie, des Etats-Unis ou d’Ecosse constatent dans l’environnement immédiat ou proche des chaluts électriques des réactions épileptiques sur les poissons, des torsions de la colonne vertébrale, des ruptures de la moelle épinière, des émissions précoces d’œufs non-viables et des mutilations des larves.

Grace à ses capacités de manipulation sémantique, la direction de l’Union Européenne qualifie aujourd’hui la pêche par impulsion électrique de « technique innovante ». Demain, la Commission Pêche du Parlement Européen examinera un projet d’extension de la pêche électrique à d’autres Etats que les Etats « pionniers ». En France, IFREMER – Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer -, le Comité National des Pêches Maritimes (2) et un gros armateur sous capitaux hollandais affichent ouvertement leur intérêt.

La pêche électrique est une vaste expérimentation animale. Il n’est pas sûr que la position radicalement contre de Mme Royal, précédente ministre de l’Ecologie soit respectée aujourd’hui et demain par le ministre actuel de l’Agriculture qui a pris en main les intérêts de la pêche française.

 

 

(1) L’ingénieur allemand Albert Weber sous la direction de Hermann Goering et avec l’assistance de la compagnie Siemens a été un pionnier du harpon électrique. L’objectif grâce à une chasse aux baleines productive était de contribuer à l’autonomie alimentaire du Reich avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Source : Bibliography of Whale Killing Techniques, E. D. Mitchell, R. R. Reeves et A. Evely. 1986. International Whaling Commission.

(2) Voir l’action d’information de Robin des Bois devant et à l’intérieur du Comité National des Pêches maritimes.

 

Décoloration de la région caudale © D. de Haan. Photo extraite de l’International Council for the Exploration of the Sea (ICES) Journal of Marine Science “Pulse trawl fishing: characteristics of the electrical stimulation and the effect on behaviour and injuries of Atlantic cod (Gadus morhua)”. Mars 2016.

Fracture de la colonne vertébrale et rupture de la moelle épinière © D. de Haan. Photo extraite de l’International Council for the Exploration of the Sea (ICES) Journal of Marine Science “Pulse trawl fishing: characteristics of the electrical stimulation and the effect on behaviour and injuries of Atlantic cod (Gadus morhua)”. Mars 2016.

Hémorragies internes de 4 cabillauds © D. de Haan. Photo extraite de l’International Council for the Exploration of the Sea (ICES) Journal of Marine Science “Pulse trawl fishing: characteristics of the electrical stimulation and the effect on behaviour and injuries of Atlantic cod (Gadus morhua)”. Mars 2016.

Déformation du dos et croissance anormale de 2 truites fardées versant de l’Ouest probablement causées par la pêche électrique (photo du haut et photo du milieu) comparées à une truite pêchée électriquement comme les deux premières mais à croissance normale © G-Oliver. Extrait de “Electrofishing and its Harmful Effects on Fish” (US Geological Survey) 2003-0002

 

 

 

 

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Voir aussi :
Taser pour les soles n°1, 14 juin 2012
Taser pour les soles n°2, 18 mars 2014

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