Pour une filière d’élimination des vestiges de guerre

19 avril 2007

Les déchets des guerres ont encore tué. 2 démineurs dans l’Est de la France, une des régions les plus touchées par l’éparpillement, l’abandon ou la collection de munitions chimiques ou explosives datant des conflits de 1870, 1914, et 1939. Début avril 2007, 6 tonnes d’obus ont été retrouvées dans des domiciles privés à Verdun. L’un des collectionneurs avait été tué à la suite d’une manipulation le 29 mars. Un autre arsenal de munitions résiduelles a été mis à jour près de Pont-à-Mousson, dont une caisse de grenades, en janvier 2007. Depuis le début de l’année et dans la même région, des obus ont été découverts dans des chantiers, ou déposés la nuit devant les déchetteries ou les commissariats de police ; les obus orphelins sont aussi omniprésents dans l’Ouest, le Nord et le Sud de la France et le resteront selon les prévisions au moins jusqu’en 2700. Ils menacent la sécurité publique et impactent l’environnement pendant leur longue phase de corrosion et de décomposition.

Le site de Ressaincourt en Moselle a abrité au moins jusqu’à la fin de l’année 2003 495 obus contenant en majorité du phosgène découverts à l’occasion d’un chantier de terrassement à Bogny-sur-Meuse. Le centre de transit et de tri de déchets de guerre de Ressaincourt a aussi accueilli les munitions chimiques stockées à Woippy près de Metz dans un fortin où les conditions de stockage, de cloisonnement des munitions et d’éloignement des activités humaines étaient insuffisantes. Pour autant, le site de Ressaincourt n’est pas un modèle. Le système anti-intrusion et la sécurité pyrotechnique ne sont pas d’un niveau très élevé. Nous notons en particulier le risque d’incendie de forêt dans ce massif où des vieux bunkers de stockage de munitions neuves ont été restaurés.

Il ne peut pas être exclu à notre sens qu’à Ressaincourt des munitions chimiques en mauvais état et donc très difficilement mobilisables, identifiables ou transportables soient encore présentes alors que la majorité des munitions chimiques avérées sont regroupées « provisoirement » à Suippes depuis 2001, en Champagne-Ardenne, en attendant qu’une usine spécialisée soit opérationnelle. Le programme SECOIA (Site d’Elimination des Chargements d’Objets Identifiés Anciens) est toujours repoussé. Il devrait être implanté à Mailly-sur-Aube. Le projet de loi de finances pour 2003 disait que le coût de SECOIA serait de 7,8 millions d’euros et que « les travaux devraient s’achever en 2007 ». Ils sont loin d’avoir commencé et ce retard met la France en position imminente d’infraction à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage, de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction. Cette Convention est entrée en vigueur en France il y a 10 ans.

Robin des Bois réitère donc son appel à une filière renforcée en moyens techniques et en moyens humains de repérage, de collecte, de stockage et de destruction de tous les déchets et vestiges de guerre qui développerait aussi un volet pédagogique incitant les populations civiles et en particulier les enfants à plus de vigilance. Ce sont les ministères de l’Intérieur et de la Défense qui sont chargés de la mise en œuvre du programme SECOIA dans le cadre duquel des « munitions » agricoles comme la chloropicrine pourront aussi être détruites. Ils devraient à notre sens être rejoints par le ministère de l’Education Nationale et celui de l’Ecologie et du Développement Durable.

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