Pour une convergence arctique

9 nov. 2008

Monaco, le 9 novembre 2008

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, groupe biodiversité, Robin des Bois a fait une proposition visant à ce que le gouvernement français initie un accord international en faveur de la protection de l’environnement arctique et plus précisément de l’Océan Arctique (proposition de septembre 2007). Cette proposition a été acceptée et constitue l’engagement 230 du Grenelle. Cette ouverture vers l’Arctique devrait être prochainement inscrite dans la loi Grenelle 1. Les 9 et 10 novembre se tient à Monaco une conférence internationale intitulée « L’Arctique : un observatoire pour relever les défis des changements environnementaux » dont l’objectif premier est d’encourager les échanges d’informations entre les diverses équipes scientifiques travaillant en Arctique. Cette manifestation est consécutive à l’engagement de la France en faveur de l’Arctique et s’enrichit de la participation décisive de Monaco dont la culture Arctique est historique.

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© Robin des Bois / C.N

Dès 1984, un panel international de scientifiques spécialistes de l’Arctique déclarait lors d’une conférence de presse que « les courants atmosphériques ne respectent pas les frontières » et dénonçaient l’exportation de la pollution industrielle vers l’Arctique. Il est vrai que dès 1956, un climatologue américain révélait la présence récurrente en hiver d’une sorte de brouillard jaunâtre, opaque et stratifié recouvrant la majeure partie de l’Océan Arctique. Toutes les investigations et analyses postérieures ont confirmé que ces nuées de particules fines transportées par les courants atmosphériques à basse altitude proviennent d’Europe, d’Asie, du continent nord-américain et de Russie. Aujourd’hui, le smog arctique est tel qu’il recouvre aux pires moments de son expansion environ 10% de la Terre. Aux polluants historiques comme le soufre, le dioxyde d’azote, les dioxines et autres chlorés viennent s’ajouter les suies et cendres émises par les activités de transport et les incendies volontaires et involontaires de forêts et de terres agricoles de l’hémisphère Nord. Il n’y a pas d’instrument politique international spécifiquement dédié à ce fléau majeur. Seules les conventions sur le transport transfrontière de polluants atmosphériques (1979) et la convention de Stockholm (2004) répondent en partie au smog arctique. Elles sont restreintes dans leur objectif et plusieurs pays arctiques ou émetteurs de pollution vers l’Arctique n’en sont pas signataires ou n’ont pas signé les protocoles les plus importants.

En parallèle, les courants océaniques et en particulier ceux de l’Atlantique Nord emmènent aussi vers l’Arctique les dépôts atmosphériques et les rejets liquides des activités terrestres et maritimes. La convention internationale OSPAR (Oslo-Paris) pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est intègre dans son périmètre une partie de l’Océan Arctique dont la Mer de Barents. Elle pousse les pays signataires dont les pays concernés de l’Union Européenne et évidemment la France à réduire leurs rejets en mer de polluants chimiques et radioactifs. Les pays riverains de l’Arctique eux aussi signataires, à l’exception dommageable de la Russie, sont très attentifs à la réalité de cette réduction, convenant ainsi que la protection environnementale de l’Arctique ne dépend pas que des seuls pays riverains.

La convention OSPAR a dans ses cartons et même sur la table de négociation un projet novateur d’aire marine protégée en haute mer d’environ 300.000 km2. Conscients des difficultés juridiques, tous les pays signataires sont favorables à la poursuite de ce projet. L’ébauche de cette aire marine protégée dans une zone de l’Atlantique du Nord-Est dite zone fractale Charlie Gibbs devrait pouvoir être reproduite, si la volonté des pays arctiques et subarctiques se fait unanime, dans la partie de l’Océan Glacial Arctique qui au regard du droit maritime est considérée comme internationale et échappant à une souveraineté particulière.

A l’occasion de cette conférence internationale, Robin des Bois publie le premier numéro de son bulletin dédié à l’Arctique : « Polar Star ».

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