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Notre-Dame de Paris, une rafale de plomb

Notre-Dame de Paris
Communiqué n°10 – V2

Septembre 2017. La Direction Régionale des Affaires Culturelles procède à une campagne de prélèvements dans Paris pour évaluer la répartition des poussières de plomb sur la voirie à proximité de monuments historiques. Le déclenchement de cette campagne démontre que le ministère de la Culture était au moins depuis 2017 alerté sur les risques d’émission et de dispersion des poussières de plomb depuis les monuments historiques. Cette dissémination est due à l’érosion, à l’usure des bandeaux, feuilles et autres garnitures et revêtements de plomb intégrés à l’architecture extérieure ou intérieure des monuments. Les 20 arrondissements de Paris ont été couverts. 64 prélèvements sont inférieurs à 1000 µg/m2 (soit 1 mg), 27 vont de 1000 à 3000 µg/m2, 6 de 3000 à 5000 µg/m2. Cinq dépassent le seuil de 5000 µg/m2 avec un pic de 21.175 µg/m2 autour du cimetière du Père Lachaise. Il ressort de l’analyse statistique de ces résultats que la majorité de la voirie parisienne n’était pas contaminée par les poussières de plomb au-delà du seuil de 1000 µg/m2 avant l’incendie de Notre-Dame de Paris. Ce seuil réglementaire de 1000 µg/m2 pris en compte par l’étude est fixé par l’arrêté du 12 mai 2009 relatif au contrôle des travaux en présence de plomb. Cette dernière valeur doit être respectée lors du contrôle réalisé à la fin des travaux d’urgence visant à supprimer le risque d’exposition au plomb dans un lieu de vie. Les échantillons ont été prélevés dans des lieux pénalisants marqués à la fois par le plomb métal des monuments historiques, les rejets des chauffages urbains, l’empreinte ancienne des ateliers métallurgiques et de la combustion des carburants additionnés de tétraéthyl-plomb. Malgré le cumul de ces sources, il est clair que la voirie de Paris avant l’incendie de Notre-Dame n’était pas globalement imprégnée par une pollution au plomb débridée, homogène et irrémédiable.

[1]Liste et localisation des prélèvements à proximité des monuments historiques, 2017 [2] (pdf)

20 juin 2018. Une autre campagne de prélèvements est déclenchée par la DRAC au moment de l’installation du chantier de rénovation de la flèche de la cathédrale. Elle prend pour référence le même seuil de 1000 µg/m2. Les résultats à proximité immédiate de l’édifice et notamment sur le parvis sont inférieurs au seuil de 1000 à l’exception de 4 prélèvements dont un rue d’Arcole et un rue du Cloître-Notre-Dame.

18 juillet 2019. La cartographie publiée par l’Agence Régionale de Santé révèle l’impact considérable de l’incendie. L’analyse de cette carte est compliquée par le fait que les prélèvements du 20 juin 2018 y sont inscrits sous la date du 20 juin laissant croire aux lecteurs qu’il s’agit du 20 juin 2019. Le mélange de l’avant catastrophe et du post-catastrophe ajoute à la confusion des informations délivrées au public. Ci-dessous, la carte de décryptage de Robin des Bois.

[3]

Les résultats de la campagne de 2017 dans Paris intra-muros et de la campagne de 2018 à proximité immédiate de Notre-Dame de Paris nous ont été communiqués par l’Agence Régionale de Santé le 15 octobre 2019. Robin des Bois avait sollicité ces documents lors de la réunion du 12 septembre organisée par l’ARS et demandé à ce qu’ils soient également communiqués aux autres parties prenantes présentes.