Note d’information : migrants en Méditerranée

22 avril 2015

Les informations qui circulent dans la presse française et mondiale selon lesquelles un bateau de pêche de 20 à 30 m de long aurait transporté 800 à 1000 personnes à partir de la Libye et à destination de l’Union Européenne sont absurdes. C’est prendre les migrants pour des thons.

Ou bien le bateau mesurait 20 à 30 m de long et transportait quelques dizaines de personnes, ou bien il était 4 fois plus long (et plus large) et il en transportait quelques centaines.

Le manque de transparence et d’exactitude des autorités chargées de vérifier et de délivrer les informations à ce sujet induisent de la désinformation.

Robin des Bois souhaite que Frontex et la Commission Européenne qui prétend s’occuper du sujet soient beaucoup plus clairs dans leur communication. La confusion de ceux qui luttent contre le trafic s’ajoute à l’opacité des trafiquants.

Les mesures envisagées par l’Union Européenne pour réduire les pertes humaines en mer sont insuffisantes.

L’article 99 du Droit international de la mer interdit le transport des esclaves. Cette Convention ne date pas de 1789. Elle est entrée en vigueur en 1994 et elle n’est pas respectée.

Le nom, le port d’attache, les immatriculations des bateaux incriminés doivent systématiquement être publiés, quand ils sont connus, de même que leurs photos de manière à ce que la société civile et les ONG compétentes puissent peser dans le dossier.

Les pavillons des navires doivent être systématiquement cités et des mesures de rétorsion doivent être envisagées à l’égard des Etats du pavillon qui s’avèrent incapables de prendre leurs responsabilités. Les pavillons de la Moldavie, du Sierra Leone, du Togo respectivement utilisés par le Blue Sky M (environ 800 migrants), l’Ezadeen (environ 400 migrants), le Burcin (environ 350 migrants) devraient être bannis dans les ports européens et du monde entier.

Les cargos où sont constatés des déficiences multiples et prolongées dans les ports de Méditerranée et de la Mer Noire doivent faire l’objet d’une surveillance particulière et coopérative. Leurs armateurs sont incapables de procéder à une remise en état suffisante. Leurs équipages sont maltraités, mal payés, mal nourris en infraction avec la Convention sur le travail maritime. Ces navires battent un pavillon inscrit à la liste noire ou même grise des pavillons de complaisance. Il y a un moment où ces bateaux doivent être immobilisés et dirigés vers des chantiers de démolition avant d’être détournés pour la traite humaine.

De même, les flottes de pêche doivent faire l’objet d’une stricte surveillance par les Etats riverains de la Méditerranée. Certaines conventions internationales peuvent y contribuer. Les thoniers senneurs qualifiés de « radiés » par la CICTA (Convention Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des mers adjacentes) dans le cadre de la réduction des capacités de pêche au thon rouge doivent selon la Convention avoir été détruits ou réduits à « l’innavigabilité ». On ne sait pas ce qu’ils sont devenus, notamment dans les pays du Maghreb et de Méditerranée orientale. Aucune réponse claire n’a jamais été donnée aux inquiétudes et courriers de Robin des Bois à ce sujet.

C’est aussi à la source que le drame doit être évité. A cet égard, l’attitude des autorités turques qui ont immobilisé dans le détroit des Dardanelles le Dogan Kartal chargé d’environ 400 migrants est positive. C’était dans la nuit du 12 au 13 mars 2015. La Turquie a pris ses responsabilités. Le Dogan Kartal battait pavillon turc.

 

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