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Non à la décharge sous-marine du Machu (50 millions de tonnes) dans la baie de Seine !

Avis de Robin des Bois sur l’enquête publique concernant l’opération de dragage d’entretien du chenal de navigation et des installations portuaires de l’estuaire aval et immersion des sédiments sur les sites aquatiques du Machu dans la baie de Seine.

 

Robin des Bois souhaite que l’avis du Commissaire-Enquêteur sur le dragage d’entretien du chenal de navigation et des installations portuaires de l’estuaire aval suivi de l’immersion des sédiments pollués sur les sites aquatiques du Machu soit négatif pour les raisons suivantes :
– La nécessité invoquée de draguer le chenal de la Seine pour les besoins, qui ne font d’ailleurs pas l’objet d’une analyse fine et prospective, d’un port intérieur ne doit pas fatalement nuire au secteur oriental de la baie de Seine, à la baie de Seine, à la Manche et à la Mer du Nord.

– La baie de Seine est en l’état sinistrée. La masse d’eau est en mauvais état chimique et en état écologique médiocre selon la terminologie de la DCE (Directive Cadre sur l’Eau).

– Les sédiments dragués dans la Seine et immergés dans la baie de Seine sont toujours marqués par des contaminants et des polluants d’origine anthropique. Même les sédiments conformes pour l’immersion selon le niveau 1 du référentiel Geode sont pollués et contribuent au flux global de contaminants dans le milieu naturel.

– Les tonnages totaux de métaux lourds, de mercure, de PCB et d’autres micropolluants persistants intégrés aux sables et boues de dragage ne sont pas quantifiés alors qu’il suffit de quelques millionièmes de grammes pour contaminer un tourteau, un éperlan, une sardine, un maquereau.

– Certains lots de sédiments, par exemple ceux qui sont dragués au pied des installations portuaires ou après des crues pourront être largement pollués au-dessus des normes moyennes et immergés dans le cadre de ce projet.

– Les impacts cumulés de cette nouvelle immersion massive de déchets de dragage dans la baie orientale de la Seine avec les immersions existantes sur l’état sanitaire des coquilles Saint-Jacques, des poissons, des crustacés, des mammifères marins, des oiseaux ne sont pas éclairés.

– Les effets additionnés du réchauffement climatique global et du réchauffement climatique local dû au parc offshore de Courseulles sur l’évolution des polluants bactériologiques et organiques, la reviviscence des kystes planctoniques et la prolifération des algues vertes ne sont pas étudiées.

– Le cumul des impacts chimiques de l’ouverture en baie de Seine de cette décharge sous-marine de 7,5 km2 avec les impacts en phase chantier et en phase d’exploitation du parc éolien voisin offshore de Courseulles n’est pas exploré dans le dossier d’enquête publique.

– Les études sur la contamination des poissons et des autres organismes marins par les PCB ne sont pas mises à jour ou étendues à d’autres polluants persistants alors que l’étude du groupe d’étude des Cétacés du Cotentin parue en septembre 2016 démontre la propagation et la bioaccumulation des PCB chez les dauphins de la Manche Ouest et de la Manche Est et confirme la forte contamination des sardines par les PCB. Les dauphins sont des gros consommateurs de sardines et de petits poissons.

– Les flux d’azote, de nitrate et de phosphore intégrés dans les rejets de dragage ne sont pas étudiés en tant que sources de dinophysis, de pseudo Nitzschia ou d’autres dysfonctionnements biologiques.

– Les modélisations réalisées à partir d’une expérience de 2 millions de tonnes, à supposer que les données de base soient justes et que les sédiments rejetés soient de la même qualité que les sédiments à rejeter, sont sans aucune incertitude appliquées à un programme de 50 millions de tonnes.

– Les flux de bactéries immergées en toutes saisons y compris en été ne sont pas quantifiés et les effets sur les différents compartiments marins y compris les poissons ne sont pas évalués.

– L’impact bactériologique sur les eaux de baignade n’est pas abordé.

Au mieux, Robin des Bois souhaite que la demande soit rejetée par le Commissaire-Enquêteur. Si Monsieur le Commissaire-Enquêteur n’a pas le courage de prendre cette décision radicale, il pourrait toutefois dans son avis restreindre l’autorisation à une durée de 3 à 5 ans et lui conférer le statut d’expérience supplémentaire. La fragilité de la baie de Seine et les multiples agressions dont elle est victime méritent cette précaution. Ces 2 options sont les seules qui pourraient enfin obliger Rouen, Le Havre et les autres ports de la baie de Seine quelles que soient leur importance et leur fonction à trouver avec les fournisseurs et utilisateurs de matériaux géologiques des procédés et des débouchés qui dépassent les travaux en éprouvette ou en site pilote. Que des déchets dits naturels mais toujours pollués soient dispersés en mer c’est inadmissible du point de vue environnemental et sanitaire. Qu’ils soient employés dans le génie civil après avoir été finement analysés, dépollués et dessalés si nécessaire est la seule option acceptable.