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Les épaves déchargent

Une épave est une somme de déchets toxiques. De plus en plus de précautions sont exigées pour la démolition des navires. L’inventaire des matériaux dangereux qui devraient en tous lieux faire l’objet d’un traitement préalable est impressionnant : déchets d’équipements électriques et électroniques, peintures biocides, extincteurs, PCB et amiante sous formes multiples, sources radioactives, fluides toxiques, lubrifiants et hydrocarbures de propulsion.

Une épave est généralement un navire en ordre de marche qui à la suite d’un aléa – guerre, collision, avarie, météo – s’est retrouvé en quelques minutes ou en quelques heures sur les fonds marins. La dépollution préalable n’est pas le propre des épaves. En plus des déchets opérationnels, ces décharges sous-marines stockent et au fil du temps déstockent sur les sédiments et dans l’environnement marin les cargaisons et résidus de cargaison ou de munitions.

Le Grenelle de la Mer a pris l’engagement « d’étudier et d’engager les opérations nécessaires à la dépollution et à la sécurisation des épaves potentiellement polluantes et dangereuses ». A la suite du même processus, l’Etat français s’est engagé à ratifier la Convention de l’Organisation Maritime Internationale sur le renflouement des épaves. Des instruments juridiques et techniques existent aujourd’hui qui permettent d’inventorier, de filmer, de surveiller et de relever les épaves dangereuses pour la sécurité maritime et l’environnement ; les archives et sources documentaires abondent. Les préfets maritimes ou terrestres ont les moyens d’obliger les propriétaires quand ils sont encore identifiables à faire cesser les pollutions générées par ces décharges sauvages.

Le flou et l’espèce de fatalisme qui suivent les nouveaux arrivages d’hydrocarbures sur plus de 100 km de littoral de part et d’autre de l’estuaire de la Loire ne sont plus de nos jours acceptables. De quel droit et par quelle logique est-il par exemple assuré que les hydrocarbures récemment échoués ne viennent pas de l’Erika. Il n’y a aucune trace dans les communiqués de la Préfecture Maritime de l’Atlantique et du Ministère des Transports émis entre juin et septembre 2000 du pompage des 165 t de fioul de propulsion et des 118 t de diesel remplissant encore le 10 décembre 1999 les soutes des capacités de combustible de l’Erika. 10 ans après, par 120 m de profondeur, est-il impensable que ces capacités, soumises à la dislocation initiale puis à l’érosion et à la corrosion sous-marines dans l’épave arrière de l’Erika, soient fuyardes ?