Les effets spéciaux de TOTAL

3 juil. 2000

L’armada TOTAL se déploie sous les sunlights et emmène sur la croisette atlantique les journalistes et les écologistes ébahis par ce festival de flexibles et de mercenaires de l’offshore international. TOTAL fait la star grâce au scénario écrit avec le gouvernement et la préfecture maritime de Brest. Les autorités françaises ont mis de côté la loi du 7 juillet 1976 relative à la prévention et à la répression de la pollution marine. Elles ont omis de mettre en demeure l’armateur de l’Erika ou TOTAL de procéder au traitement des pollutions, au renflouement des épaves, et au ramassage des déchets sur le littoral. De telles procédures ont été enclenchées par les préfets maritimes ou les préfets de département, notamment à l’égard de Ciba-Geigy, producteur de pesticides échoués sur le littoral en 1993.

TOTAL a le beau rôle. C’est dans le cadre d’une démarche volontaire que la compagnie s’est engagée dans le nettoyage du littoral et s’engage aujourd’hui dans la récupération des résidus sous-marins, du moins ceux qui gargouillent dans les épaves.

Ce western de la mer appelle cependant deux critiques:

– le renflouement des épaves n’est pas envisagé. Elles constituent un danger pour la sécurité de la pêche et pour l’environnement. En plus des résidus d’hydrocarbures collés aux parois et au fond des citernes, l’Erika, comme tous les bateaux construits dans les années 70, contient des fluides hydrauliques et des appareillages électriques contaminés au pyralène. Les peintures anti-fouling de l’Erika (plus ou moins 50 tonnes) constituent une autre source toxique: un milliardième de gramme par litre d’eau de mer tue les larves de mollusques.

– ni TOTAL, ni les seconds rôles ne savent encore où et comment le fuel mélangé à de l’eau de mer et à de l’ester méthylique de colza serait stocké et traité. La raffinerie TOTAL près du HAVRE est souvent citée; une vieille habitude qui remonte au moins à 1978, quand des déchets de l’Amoco-Cadiz ont été transportés dans l’estuaire de la Seine. Vingt-deux ans après, Robin des Bois a retrouvé de l’Arabian light de l’Amoco dans le coeur de la réserve naturelle de l’estuaire de la Seine. Quelques jours plus tard, sur un terrain exploité par TOTAL, était redécouverte par Robin des Bois une lagune de 30 000 tonnes d’hydrocarbures. TOTAL, suite à un arrêté préfectoral d’urgence, est en train d’achever l’implantation d’une clôture de sécurité d’1,5 km. de long.
Au-delà de la Normandie, TOTAL envisage même l’exportation des déchets de plages vers la Belgique, les Pays-Bas et le Danemark. Trois sociétés y ont en effet été pré-sélectionnées. Si elles étaient choisies au final, l’exportation maritime des déchets se ferait, selon TOTAL, par barges. Robin des Bois s’opposerait à cette noria.

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