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Les crash tests d’Air France

Robin des Bois n’est évidemment pas systématiquement opposé aux projets de développement ou à l’installation d’activités nouvelles dans la presqu’île du Cotentin et autour de Cherbourg.

Par exemple, l’association pousse depuis longtemps par ses communiqués ou ses interventions à la création d’une plate-forme de ravitaillement en carburant et d’extraction des boues d’hydrocarbures accessible à tous les navires dont la destination est le port de Cherbourg ou qui passent au large. Plus récemment Robin des Bois a soutenu que le port de Cherbourg, éventuellement renforcé par le dock flottant dont le port du Havre souhaite se défaire, serait un bon candidat à un pôle de réparation et de démantèlement des navires. Ces 2 projets sont cohérents avec le potentiel, l’histoire du port et sa main d’œuvre.

Mais Robin des Bois est par ailleurs obligé de s’opposer a priori et sans aucune marge d’incertitude au projet de la Chambre de Commerce de Cherbourg d’ouvrir l’aéroport de Maupertuis à l’entraînement et à la qualification des pilotes d’Air France, ou bien d’ouvrir le même aéroport à des avions-poubelles venus par la voie des airs se faire démanteler.

Air France met en avant, parmi les arguments en faveur de l’aéroport local, les statistiques météorologiques et la probabilité des jours de brouillard, un paramètre idéal pour le perfectionnement des apprentis, ainsi que la mer considérée comme « un gage de sécurité ».

Robin des Bois rappelle que la mer n’est pas un désert, que 500.000 t environ de matières dangereuses transitent chaque jour par le rail de la Manche, et que, à quelques kilomètres au bout de la piste d’envol et parfois du brouillard, se trouvent les installations nucléaires de la presqu’île de La Hague, couplées à de très importants stocks de matières fissiles et à des entreposages de combustibles irradiés et de déchets nucléaires de haute activité. Le complexe nucléaire de La Hague est considéré par les spécialistes des risques industriels comme une cible privilégiée d’attentat d’origine aérienne et beaucoup d’efforts et de réflexions ont été ou sont entrepris pour réduire l’occurrence de tels risques. On se souvient en particulier que des moyens de défense rapprochée ont été mis en œuvre pendant au moins 1 an dans la région de Cherbourg en vue de protéger l’espace aérien de l’usine de La Hague et des réacteurs nucléaires de Flamanville de toute intrusion, qu’elle soit causée par la négligence ou la malveillance, et ce après les attentats de New York en septembre 2001.

C’est pourquoi cette école de l’air proposée aujourd’hui par la Chambre de Commerce de Cherbourg constitue un risque supplémentaire majeur et impliquerait à notre sens une modification préalable des études de dangers relatives à l’usine de retraitement de combustibles irradiés et d’extraction du plutonium de Jobourg et au parc nucléaire à venir et existant de Flamanville. L’étude de dangers devrait aussi être étendue aux cibles maritimes intentionnelles ou non intentionnelles que constituent les méthaniers, les pétroliers, les porte-conteneurs et autres « bombes flottantes » traversant dans les 2 sens la banlieue maritime de Cherbourg.

En tout état de cause, Robin des Bois saisit dès aujourd’hui la Commission Spéciale et Permanente d’Information et l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour qu’elles émettent un avis sur la compatibilité avec la sécurité des installations nucléaires, du bâti, du personnel, du fonctionnement et des populations riveraines de ce nouveau facteur de risques qui, après une phase, d’approche pourrait s’étendre aux vols nocturnes et à des plus gros porteurs que les A 320.