L’éléphant n’est pas une marchandise

10 avril 2010

CITES 2000 – Nairobi

La 11ème Conférence des Parties de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) s’est ouverte aujourd’hui au siège du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, à Nairobi, au Kenya. Lors de la dernière session plénière, en juin 1997, à Harare (Zimbabwe), les populations d’éléphants (Loxodonta africana) du Zimbabwe, du Botswana et de la Namibie ont été déclassées de l’annexe I (interdiction du commerce international) à l’annexe II (commerce contrôlé). Ce déclassement partiel visant à exporter de l’ivoire vers un importateur unique, le Japon, ne devait devenir effectif qu’après renforcement de la coopération internationale dans la maîtrise du braconnage des éléphants et de la contrebande de l’ivoire. Depuis 1997, à travers l’Afrique et l’Inde, le braconnage des éléphants s’est multiplié et les trafiquants d’ivoire ont récupéré leurs parts de marché.

Cette année, le Kenya et l’Inde, soutenus par la majorité des pays d’Afrique comme le Congo, la Côte d’Ivoire, l’Erythrée, l’Éthiopie et la Tanzanie, proposent le reclassement de toutes les populations d’éléphants en annexe I. Dans le Parc National Tsavo, au Kenya, le niveau de braconnage est 5 fois supérieur à celui de ces dernières années et 2.000 kg d’ivoire ont été confisqué, soit 400% de plus qu’en 1998. Les pays africains qui veulent protéger l’éléphant refusent la logique du profit à court terme des pays d’Afrique Australe. Ils refusent aussi les autres “bénéfices liés au commerce de l’ivoire” comme l’assassinat par les braconniers des gardes des parcs nationaux.

La proposition kenyane souligne qu’aux menaces liées au braconnage “s’ajoutent la guerre, et l’instabilité politique”. Depuis l’été 1997, les conflits régionaux, internes, externes et frontaliers se sont multipliés en Afrique. Depuis 1978, il est attesté que l’échange d’ivoire et d’autres matières animales, végétales ou minérales contre des équipements militaires est pratique courante. Le Zimbabwe, qui arguait que sans la vente d’ivoire, il n’aurait presque rien à donner à sa population, est mobilisé depuis 3 ans en guerre dans l’ex-Zaïre.

La proposition du Kenya et de l’Inde doit aussi être soutenue par la France. Au Zimbabwe, elle avait joué un rôle clef dans les premiers jours de la conférence en militant pour le déclassement de l’éléphant avant de murmurer dans les derniers jours qu’elle était plutôt contre. La France doit maintenant arrêter sa position qui oscille encore entre l’environnement et le commerce, et doit convaincre ceux qui, au sein de la Communauté Européenne, sont encore en faveur du maintient en annexe II.

Note: En 1989, la 7ème Conférence de la Cites avait voté l’interdiction du commerce international de l’ivoire.

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