Le cas d’école du TK Bremen

9 janv. 2012

TK Bremen, communiqué n°2

Démolition Go Fast

La démolition du TK Bremen sur le territoire français est un spectaculaire exemple de la simplification administrative chère au gouvernement. Ce déchet industriel de plus de 2.000 tonnes contenant de l’amiante sous diverses formes, des PCB, des tartres d’hydrocarbures, des déchets de peinture au plomb, au mercure et à l’étain ne fait pas l’objet contrairement à la réglementation française et européenne d’une autorisation temporaire d’Installation Classée pour la Protection de l’Environnement. Les lignes directrices de la Convention de Bâle et de l’Organisation Maritime Internationale sur le démantèlement des navires ne sont pas respectées. Robin des Bois demande que le préfet du Morbihan, la préfecture maritime et l’Inspection du travail publient la cartographie des déchets dangereux présents sur le TK Bremen, si elle existe.

Le maintien dans certaines tranches du navire comme les lieux de navigation et d’habitation – château arrière – des cloisons, revêtements de sol, joints, colle, sanitaires, câblages et autres équipements électriques produira des ferrailles non triées à la source. En traitant ces ferrailles polluées, l’aciérie qui recyclera le TK Bremen exposera ses ouvriers à des risques supplémentaires et augmentera la charge de ses effluents atmosphériques.

La rapidité et la brutalité sont toujours spectaculaires mais elles ne sont pas les meilleures alliées de la sécurité des travailleurs et de la protection de l’environnement. L’urgence avancée par les services de l’Etat qu’il y aurait à démolir le TK Bremen dans les meilleurs délais pour éviter une dislocation de la coque sous les coups de boutoir des vagues est un faux prétexte. Depuis des décennies, des navires de la taille du TK Bremen sont échoués sur le littoral de Mauritanie par exemple et résistent. Le Ministère de l’écologie avait bien l’intention dans les jours qui ont suivi l’échouement de respecter la réglementation qui s’impose mais les coups de boutoir des élus voulant se débarrasser dans les meilleurs délais de ce problème encombrant et les échéances électorales ont été déterminants.

Robin des Bois a porté plainte contre X pour pollution par hydrocarbures et mise en danger de la vie d’autrui. Les personnes morales ou privées susceptibles d’entrer dans le périmètre de cette plainte sont :

– Le port de Lorient qui n’a pas appliqué l’article R 304-11 du Code des Ports Maritimes selon lequel l’autorité portuaire peut au cas par cas interdire le départ d’un navire, ce qui se justifiait d’autant plus que le TK Bremen avait un mauvais profil.
– Le service de pilotage du port de Lorient qui n’a pas alerté les autorités compétentes et notamment les centres de sécurité maritime des anomalies manifestes relevables au moment du départ à bord du TK Bremen telle que l’absence d’étanchéité des panneaux de la cale arrière.
– Le consignataire du TK Bremen qui a la responsabilité de fournir au navire et au propriétaire du navire tous les documents et toutes les informations relatives à sa bonne conduite pendant l’escale et au moment du départ.
– Le commandant du TK Bremen qui n’a pas tenu compte des avis d’alerte aux professionnels sur l’arrivée imminente de la tempête Joachim et qui n’a donc pas usé de la prudence nécessaire avant le départ et pendant la divagation du navire dans l’après midi et la soirée du 15 décembre 2011.
– L’armateur qui n’a pas en temps réel et dès le début des difficultés du TK Bremen donné dans le cadre de l’ISM -International Safety Management- les conseils et les consignes décisifs visant à enrayer la situation avant qu’elle ne soit critique.
– Le CROSS Etel -Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage- qui n’a pas donné l’alerte alors que les évènements se déroulaient et s’aggravaient sous ses yeux.

Le cumul et la synergie de ces négligences, omissions ou fautes, ont abouti à la mise en danger de l’équipage, à la pollution marine, au déclenchement du plan Polmar, à la contamination des bassins immergés d’huîtres dans la Ria d’Etel, à la pollution de l’estran, à la dégradation d’un massif dunaire exceptionnel.

Parallèlement à la plainte déposée, Robin des Bois demande au préfet du Morbihan et au président du Conseil Régional de Bretagne de renforcer dans les meilleurs délais le règlement particulier de police du port de Lorient qu’ils ont signé conjointement le 18 novembre 2011. En effet, l’article 8 de ce règlement (qui complète l’article R 304-11 du Code des Ports maritimes) concerne seulement les navires transportant des hydrocarbures ou des matières dangereuses en vrac et leur interdit de sortir lorsque les vents dépassent 33 nœuds (60km/h); il doit être élargi à d’autres navires, prendre en compte leur destination immédiate et les prévisions météorologiques imminentes.

 

 

 

 

 

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