La ruée vers le zef

25 févr. 2004

Des prospecteurs avides sillonnent les Far-West français et les sud pour détecter les sources de vents et installer dans des communes crédules et désargentées, chez des ex-agriculteurs intéressés, sur des paysages à dénaturer, des installations industrielles, machines à bruit et à décapiter, à vocation électrogène, plus connues sous le doux vocable de fermes éoliennes. Il n’est pas un plateau, une plaine, une falaise, une crête, un récif qui ne soient menacés par un capitaliste du vent.

Une de ces récentes guillotines s’est effondrée début janvier dans la zone portuaire de Boulogne-sur-Mer ; 3 pales ont atterri à plusieurs centaines de mètres du naufrage. Cet accident dont l’écho a été amorti sur le plan national met en avant la fragilité structurelle et juridique de la filière vent. Personne ne se soucie de savoir si ces turbines verticales sont susceptibles de résister aux tornades du réchauffement climatique, aux contraintes météorologiques, à la corrosion, aux tremblements de terre.

1000 projets sont en cours d’instruction en Languedoc, en Ile-de-France, en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire, en Normandie, en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais, le Massif Central, ailleurs, et en mer, poussés par des écologistes, les régions, EDF, Total, Shell, les fabricants allemands et danois, une nuée de consultants monospécialisés et d’assembleurs de moulins à vent. Il n’y a pour le moment aucun contre-pouvoir à la poussée.

Concernant la protection de l’environnement, les effets sur les oiseaux nicheurs et migrateurs sont méconnus et offshore les effets des perturbations acoustiques sur les mammifères marins ne sont pas approchés. Concernant la sécurité publique, aucun risque n’est pris en considération, ni le décrochement des pales, ni la rupture des pylônes ; les maîtres d’ouvrages éoliens implantent leurs usines au milieu des périmètres Seveso, en bordure des voies routières et autoroutières. Les effets domino d’une avarie d’éolienne ne sont retenus dans aucun scénario d’accident mineur ou majeur. Les dommages aux paysages et aux perspectives, les effets sanitaires et psychologiques de ces centrales électriques sont occultés, sauf exception préfectorale.

L’instruction des projets est unilatérale. Les prospecteurs et constructeurs privés et non-agréés font appel à toutes les ficelles du nucléaire des années 70 : voyages, indemnités, collusion avec des associations de protection de la nature et des experts en tous vents, vannes et mannes financières.

Il est urgent de mettre fin à ces délires. Les centrales électriques éoliennes doivent être intégrées à la nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement, soumises systématiquement à autorisation et à enquêtes publiques, compatibles avec les activités riveraines et les usages d’agréments, y compris en mer. A titre conservatoire, Robin des Bois demande le contrôle par l’Etat de toutes les machines en activité, l’arrêt de l’exploitation des éoliennes en milieu industriel et routier, la suspension de tous les projets et de toutes les réalisations en cours et de tous les avantages fiscaux et subventions liés à l’implantation et à l’exploitation de ces usines. Tous les promoteurs devraient avoir à disposition les capacités financières nécessaires aux démantèlement futur de leurs établissements. Le vent, c’est une filière volatile. Aux Etats-Unis, le leader de la filière énergétique éolienne, c’était ENRON. (Source : les Echos 08.01.97)

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