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Kafka dans l’EPR – n°1

La cuve confine le feu nucléaire. La cuve du réacteur EPR de Flamanville dans la Manche serait soumise pendant les 60 ans d’exploitation programmés par EDF et AREVA à des agressions thermiques, hydrauliques, mécaniques et neutroniques considérables. La cuve ne doit pas être robuste, elle doit être indestructible.

« La démonstration de sûreté nucléaire exclut la rupture de la cuve car aucune disposition raisonnable de limitation des conséquences pour la gestion de l’installation, pour le personnel, la population et l’environnement ne peut être définie » (source : rapport du Groupe de Suivi « Cuve EPR » du HCTISN, Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire).

Autrement dit, la rupture de la cuve du plus puissant réacteur nucléaire jamais exploité dans le monde et fonctionnant au Mox (combustible mixte uranium enrichi/plutonium) provoquerait en Europe du Nord un séisme social, économique et environnemental pire que celui de Fukushima en Asie.

En conséquence, des dispositions et des spécifications supérieurement exigeantes auraient dû s’appliquer à la cuve au cours de sa conception et de sa fabrication.

L’une de ces exigences est l’évitement d’une présence excessive de carbone dans l’acier notamment dans le couvercle et le fond de la cuve considérés comme les endroits les plus fragiles.

Plus l’alliage contient de carbone, plus il se rapproche de la fonte et devient cassant.

Les commandes du couvercle et du fond de cuve de l’EPR de Flamanville qui doivent par postulat être infaillibles ont été passées par AREVA en 2005 alors que l’usine sidérurgique du Creusot était en faillite technique et dans les mains incompétentes du groupe Bolloré.

En 2006, l’Autorité de Sûreté Nucléaire a interrogé AREVA sur les conditions de vérification de l’homogénéité des propriétés mécaniques des pièces en cours de fabrication.

En 2007, des analyses de copeaux du couvercle avant sa finition ont révélé des valeurs de concentrations élevées en carbone dépassant les critères de qualification.

C’est seulement en 2014 que des analyses techniques approfondies ont confirmé d’une manière formelle des excès de carbone sur des couvercles et des fonds de cuve destinés à d’autres projets EPR et fabriqués en 2009 et en 2011. AREVA avait alors racheté la forge du Creusot au groupe Bolloré et l’outil était en redressement technique.

Il n’y a jamais eu de cartographie complète du carbone sur la cuve EPR de Flamanville. C’est une cuve inconnue fabriquée dans une usine en déshérence qui a été introduite d’une manière irréversible dans le bâtiment réacteur en janvier 2014.

Et c’est seulement en avril 2015 que l’ASN a officiellement communiqué sur ces anomalies qui font lourdement douter de la capacité de Flamanville 3 à  résister à la propagation de fissures et à la rupture brutale redoutée.

Robin des Bois, membre du HCTISN et du Groupe de Suivi « Cuve EPR » estime que dans ces conditions de précarité, le 3ème réacteur de Flamanville ne doit pas entrer en exploitation ni en 2018, ni en 2020, ni jamais.