Harare : hold-up sur l’ivoire

19 juin 1997

Harare

Après un premier vote négatif survenu mardi 17 juin 1997, les pays d’Afrique australe, soutenus par la Norvège, les pays arabes, d’Amérique du sud et asiatiques ont arraché ce matin la réouverture partielle du trafic international de l’ivoire.

Une ébauche de projet visant à maîtriser la reprise du trafic n’a pu faire l’objet d’une discussion préalable au deuxième vote.

Le rôle ambigu et partial de la Commission Européenne et des délégations des pays européens, parmi lesquels la France, a joué un rôle clef dans ce vote. L’Union Européenne n’a pas pris en compte les inquiétudes des pays de l’aire de répartition, notamment en Afrique de l’ouest, en Afrique centrale et en Afrique de l’est et s’est positionnée dès l’ouverture de la Conférence en faveur du transfert de l’éléphant en Annexe II. Traitant l’éléphant et l’ivoire comme s’il s’agissait de filet de bœuf et de cornes de vaches, l’Union Européenne a fait un pas de plus vers le libéralisme triomphant et a négligé au nom du cliché du “développement durable” le principe de précaution scientifique et les risques de contrebande. Même si l’accord amendant les propositions de la Namibie, du Zimbabwe et du Botswana empêche théoriquement la reprise du trafic avant 18 mois, il est probable que dès les semaines qui viennent, les éléphants, non seulement en Afrique, mais aussi en Asie, vont être victimes d’une recrudescence du braconnage et que les stocks d’ivoire vont se gonfler en attente de la reprise du marché.

L’embuscade a commencé à Harare, avec la partialité du Secrétariat de la CITES, le déchaînement de la presse gouvernementale, et l’appui du WWF particulièrement influent dans le sud de l’Afrique.

Mais face à la stratégie commune de pays aussi différents que la Norvège, le Zimbabwe et le Japon en faveur de “l’utilisation durable” des ressources sauvages, les écologistes vont devoir s’adapter et réagir ; après l’éléphant, il y a les baleines (cf, Commission Baleinière Internationale à Monaco en octobre), les forêts, les ressources marines, et le désert.

Des informations complémentaires sur l’ensemble des débats de la Conférence seront disponibles chez Robin des Bois dès la semaine prochaine, après le retour de la délégation de l’association.
 

 

 

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