Galerie des horreurs au Havre

17 févr. 2005

Le Centre International de Traitement des Ordures Nocives (CITRON) s’est installé en 1997 sur la zone portuaire du Havre. L’arrivée de cet établissement spécialisé dans le traitement et la valorisation des déchets contenant des métaux lourds a été favorisée et saluée par la ville du Havre, le Port Autonome du Havre -PAH-, le Conseil Régional de Haute-Normandie. Des fonds européens, des organismes régionaux comme Normandie Développement, Le Havre Développement, la Datar ont aussi contribué à l’implantation de Citron, de même que M. Antoine Rufenacht, maire du Havre, qui selon des documents de presse émis par l’entreprise “ a permis à Citron de trouver un partenaire industriel en Normandie ”. “ La société GEC Alsthom a soutenu cette implantation dans le cadre de la réindustrialisation de la région Havraise ”.

La marche forcée de Citron se traduit par une augmentation spectaculaire des capacités de traitement, à l’origine fixées à 23.000 t / an et aujourd’hui montées à 100.000 t / an.

Depuis son entrée en action, l’usine a multiplié les ratés et les anomalies. Pollutions atmosphériques, incendie des stocks, explosion d’un conteneur de piles au lithium, nuages de poussières noires, surstockages, prise de feu dans les wagons de Résidus de Broyage Automobiles (RBA) importés de Suisse, fumerolles s’échappant des toitures, atmosphères intérieures opaques, épandage de liquides mercuriels.

Malgré les inquiétudes récurrentes de Robin des Bois exprimées dès 1996 auprès de la direction de Citron et des services de l’état et l’installation en l’an 2000 d’une Commission Locale d’Information, l’environnement extérieur et intérieur de l’usine ne s’est pas globalement amélioré.

Loin de là. Une récente mission de l’Agence de l’Eau visant à reconduire l’homologation et le conventionnement de Citron pour les années 2005 et suivantes confirme les risques sanitaires et environnementaux :

A l’extérieur : ruissellement des eaux de pluie et égouttures issues des mâchefers sous-produits de l’incinération. Stockage de broyats de RBA à même le sol. Big-bags de verres broyés et souillés sans abri.
Halle de stockage : odeur très forte d’ammoniac. Défaut d’extraction d’air.
Halle du four : dalle de circulation intérieure couverte de boues de mâchefers. Emissions internes de fumées. Défaillances du système d’extraction des gaz.
Déchets sortants : les mâchefers contenant des phénols, benzène, toluène au-delà des normes admissibles sont transférés dans la décharge du Port Autonome du Havre dédiée aux déchets ménagers et industriels banals, pour servir de matériaux de couverture et de voirie.

Robin des Bois vient par ailleurs d’être destinataire d’informations alarmantes selon lesquelles l’exploitant utiliserait comme stockage-tampon d’eaux polluées les galeries techniques souterraines mises en place par les ex-gestionnaires des lieux, la COFAZ, puis Norsk Hydro, spécialisés dans la fabrication d’engrais phosphatés. Les galeries ne sont pas étanches et sont régulièrement envahies par l’eau de mer. Les eaux polluées migrent ensuite vers le grand canal du port du Havre, contaminant les sédiments portuaires qui sont ensuite dragués et rejetés en mer en face de la ville, sur le dépôt sous-marin d’Octeville. Selon les mêmes sources, la charpente de la halle de traitement serait rongée par les sous-produits corrosifs à la verticale de l’unité de traitement des eaux de lavage des gaz. Robin des Bois a pour sa part, de l’extérieur, relevé que des tôles de la toiture étaient trouées.

En conséquence, nous demandons au Ministère de l’Ecologie de faire toute la lumière sur les déviances de Citron, y compris dans les sous-sols, et si nécessaire de suspendre les activités de l’usine.

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