Vases militaires de Cherbourg : 1ère interpellation par les écologistes de M. Léotard et de M. Barnier

31 mars 1993

Depuis le 8 février, l’association Robin des Bois s’oppose au rejet de 260.000 tonnes de vases extraites dans le complexe militaire et industriel de l’arsenal de Cherbourg. Ces vases sont rejetées entre 3 et 7 miles du littoral dans un écosystème côtier riche en homards, en congres, en bars, en moules. Ces vases sont qualifiées de “déchets industriels” par le syndicat CFDT du Nord-Cotentin. En effet, c’est seulement à partir de 1985 que des efforts ont été envisagés, puis entrepris pour réduire le rejet brut des déchets liquides de l’arsenal et de ses chantiers navals dans les bassins du port militaire.

L’étude d’impact sur le milieu marin est “bâclée” selon la Direction de l’Eau du Ministère de l’Environnement et est classée “secret défense”. Sans dévoiler le moindre chiffre sur la radioactivité (Cherbourg est le port de construction, de validation, et de démantèlement des sous-marins nucléaires), la Préfecture Maritime a seulement reconnu que “les teneurs en métaux lourds des vases de Cherbourg étaient globalement comparables à celle des ports de la Manche et de la Mer du Nord”.

La durée du chantier est estimée entre 4 et 5 mois par la Préfecture Maritime et la Direction des Travaux Maritimes du port militaire.

Les artisans pêcheurs et ostréiculteurs du Nord-Cotentin commencent à subir les effets des rejets (casiers colmatés par des chiffons, crustacés étouffés par les vases).

Rien ne peut justifier un tel laisser-aller de la part de l’armée, pas même le lancement, le 13 juillet, du “Triomphant”, sous-marin nucléaire de la deuxième génération dont le tirant d’eau est plus élevé que la série du “Redoutable”.

Conformément à l’inquiétude légitime de la population locale et au courrier de M. Yves Bonnet, député UDF de Cherbourg et ancien patron de la D.S.T.,(“il est fort condamnable que l’étude d’impact n’ait pas été rendue publique, il est des situations où nous avons l’impression que le sens de la responsabilité se perd…”), Robin des Bois, fort du soutien de Greenpeace et de la position de l’Union de Secteur CFDT du Nord-Cotentin, demande aux nouveaux ministres de l’Environnement et de la Défense de suspendre immédiatement les travaux dans l’attente de l’approfondissement de l’étude d’impact et de l’information totale des riverains et des professionnels de la mer.

Le 15 avril, le Tribunal Administratif de Caen examinera la requête aux fins de sursis à exécution présentée par Maître Huglo au nom de Robin des Bois.

 

 

 

 

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