Tours-sur-Amazone

21 juin 2000

A Tours les maîtres-d’oeuvre de la passerelle de 235 m de long sur le Cher, dont la construction vient de débuter, veulent piétiner la biodiversité amazonienne tout en ignorant les richesses forestières de la région Centre.

730 m2 de platelage en Angelim vermelho (Dinizia excelsa) sont prévus par l’entreprise Freyssinet pour équiper l’ouvrage. L’aire de répartition de l’Angelim vermelho, du bassin amazonien au plateau des Guyanes, est une jungle d’exploitations forestières non-durables, dont beaucoup agissent dans l’illégalité. Les arbres coupés ne sont jamais replantés, les forêts résiduelles après exploitation sont incendiées pour laisser place à des monocultures ou des élevages extensifs. La Guyane française ne produit pas d’Angelim vermelho.
Selon Alain Spielmann, architecte de la passerelle, le bois fourni par Freyssinet proviendrait du Surinam. Les sociétés forestières malaisiennes, indonésiennes et chinoises exploitent massivement les forêts de ce pays, dégradant d’immenses surfaces – au total 1,5 million d’hectares de concessions – pour s’assurer un volume industriel d’essences d’exportation à bas prix.

A la Société d’Equipement de la Touraine (SET), maître-d’ouvrage de la passerelle tourangèle, le seul argument avancé pour justifier l’utilisation de bois tropical est une question de coût. Les qualités du chêne (Quercus spp.), essence dominante de la région Centre, 1ère productrice de chênes haut de gamme en France, sont balayées derrière les arguments financiers.

Pourtant les forêts du Centre dévastées par les deux tempêtes de décembre 1999 recèlent, selon l’ONF, plus d’1,5 million de mètres-cubes de chablis. Pour éviter un gâchis de bois de qualité et pour soutenir une filière bois locale confrontée à des difficultés majeures, l’utilisation des bois indigènes doit être stimulée. Un ouvrage d’architecture publique de prestige tel que la passerelle sur le Cher construite à Tours devrait manifester dans le choix de son bois cette solidarité avec une région sinistrée.

Robin des Bois demande à la Ville de Tours de reconsidérer l’option bois tropical promotionnée par l’entreprise Freyssinet et d’employer du chêne, ou tout autre bois dur indigène, pour le platelage et les mains-courantes de la passerelle.

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