Thon sans douane

18 nov. 2011

Liberté de Thon n°3.
22ème réunion ordinaire de la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique et des mers adjacentes (CICTA / ICCAT

De nombreuses voies sont ouvertes pour faciliter la libre circulation du thon rouge et des autres espèces.
Depuis 2006 plus de 20.000 tonnes de thons tropicaux -thon albacore, thon obèse et listao- ont été illégalement pêchées par des senneurs. Les transbordements en mer depuis des navires battant pavillon ghanéens et exploités par des intérêts coréens sont dans la ligne de mire. L’Union Européenne fait le gendarme en Afrique : « Des quantités astronomiques de poissons sont prises illégalement dans le golfe de Guinée », « Une flotte industrielle exploite le pavillon d’un pays en voie de développement d’une manière opportuniste ». En retour, la Corée reconnait qu’elle ne contrôle pas les activités de ses ressortissants dans le Golfe de Guinée. La Côte d’Ivoire ne parvient pas à contrôler les débarquements des navires ghanéens dans le port d’Abidjan. Très faible lueur d’espoir, le Ghana vient d’acheter deux nouveaux patrouilleurs. Espérons qu’ils ne seront pas à terme convertis en thoniers.

Sao Tomé et Principe apprend à Istanbul en compulsant les documents de la CICTA que des navires étrangers viennent lui voler des espadons. La délégation se souvient bien que l’année dernière « un bateau est apparu dans notre zone et nous l’avons prévenu qu’il n’était pas autorisé à pêcher ». Le Mar Azul a dû mal comprendre.

La Syrie n’est pas présente. Elle n’a pas non plus rempli ses obligations de suivi des pêcheries au thon rouge et pourrait être interdite de pêche l’année prochaine.

D’autres Etats sont sur la sellette. C’est le cas de l’Albanie et de l’Angola. A Luanda, trois directeurs étaient potentiellement en charge de la rédaction des rapports CICTA. Ne sachant pas lequel des trois était tenu de remplir ces obligations internationales, aucun n’y a procédé.
Le Panama est également victime de restructurations administratives qui ne lui ont pas permis d’envoyer les renseignements sur les activités de sa flottille ; Panama n’a pas non plus fait d’enquête suite aux infractions constatées sur les activités de celle-ci. Qu’il s’agisse de thon, de marée noire ou de déchets toxiques, le Panama ne fait jamais d’enquête à bord des navires qui battent son pavillon. Sur 150 navires déclarés à la CICTA et dont le port d’attache est Panama, 57 sont exploités par des armateurs japonais. Panama fait froid dans le dos. Au moins 16 cargos frigorifiques spécialisés dans le transport du thon rouge congelé y sont immatriculés.

Vanuatu est l’hébergeur privilégié de la flotte thonière japonaise.

Il y a actuellement 37 navires sur la liste noire de la CICTA. Elle pourrait s’élargir. Des enquêtes sont en cours sur un navire cambodgien actif dans le Golfe de Guinée et sur les navires repérés autour de la Libye cet été.

De retour dans le bassin méditerranéen, l’implication de l’Italie et plus précisément de la Sicile mérite d’être explorée et sans doute aucun contrôlée. Les armateurs d’Augusta sont très présents en Algérie, au Maroc et en Grèce.

La sinistre filière illégale et fantôme, balançant du pavillon Honduras à celui de Belize ou du Cambodge rôde dans l’Atlantique et en Méditerranée, composée de navires pêcheurs, de cargos frigorifiques, de remorqueurs et d’équipages apatrides et surexploités comme le thon rouge.

Tant que le trafic international de thon rouge et des autres espèces sera dominé par les pavillons de complaisance et les seuls armateurs, l’assainissement du marché et sa conformité aux mesures de conservation et de gestion de la CICTA sera impossible.

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