Tahiti : la bombe touristique

17 janv. 1996

Mardi matin 16 janvier 1996 à 4h30 (heure locale), 300 gardes mobiles ont bouclé le quartier populaire de Nu’uroa sur la commune de Punaauia à 15 kilomètres de Papeete avant de prendre possession de la Pointe des Pêcheurs. Sur ce site de 4 hectares en bord du lagon, le groupe Dumez associé à la Lyonnaise des Eaux a un projet immobilier et hôtelier dont la réalisation détruirait l’un des derniers lieux ouverts et arborés du littoral ouest de Tahiti. Le site était occupé depuis 5 ans par des familles de Punaauia et par des militants de l’association la Ora Nu’uroa. Même si les forces de l’ordre ont profité de l’effet de surprise pour évacuer les lieux sans violences, la tension est d’autant plus vive que, sur la Pointe des Pêcheurs, des sépultures traditionnelles (marae) ont été récemment mises à jour et réhabilitées.

En Polynésie, la législation sur la protection du littoral, les enquêtes publiques et les études d’impact sur l’environnement ne sont pas appliquées, seuls l’arbitraire, la raison d’Etat ou les intérêts particuliers ont la priorité. Après les bombes nucléaires, grâce au CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique), les chancres touristiques vont proliférer grâce aux multinationales du bâtiment et de l’hôtellerie.

-Fin février- Les forces de l’ordre protègent le site. Des fouilles archéologiques sont entreprises sur le terrain. Des ossements ont été retrouvés et rassemblés dans le musée d’ethnologie voisin. La colère gronde. Les promoteurs se taisent.

 

 

 

 

 

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