Le gaz sort de la mer à Dunkerque

9 oct. 1998

L’atterrage du gazoduc Norfra à Dunkerque ne respecte pas les conditions élémentaires de sécurité. La première section du gazoduc, enterrée à un mètre, traverse un corridor des risques industriels encadré par trois usines pétrochimiques et porteur d’un trafic routier et ferroviaire spécialisé dans les matières dangereuses.

L’étude de sécurité réalisée par l’opérateur norvégien Statoil et Gaz de France à la demande des autorités françaises n’était pas jointe au dossier d’enquête publique en octobre 1996. Elle a été en partie communiquée à Robin des Bois après avis favorable de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs “sous réserve, le cas échéant, de l’occultation préalable des éléments dont la communication serait susceptible de porter atteinte au secret industriel ou commercial ou à l’ordre et à la sécurité publics”.

L’étude de sécurité souligne la redondance des sources de danger, la densité sur zone des conduites souterraines ou aériennes transportant des matières inflammables et explosives, la proximité du gazoduc et d’une ligne électrique de haute tension vitale pour l’alimentation et la sécurité industrielles, la présence d’une torchère et d’un transformateur.

Une fuite de gaz sous pression et n’ayant pas encore subi d’odorisation dans le centre de réception de GDF formerait un nuage inflammable. Selon l’étude de sécurité, un très fort sifflement audible à plusieurs centaines de mètres aiderait à identifier l’anomalie. Le bruit de fond industriel dans le secteur est d’ores et déjà élevé, sans parler du vent. En cas d’accident majeur, les premières mesures seraient prises depuis le centre de contrôle de Zeebrugge et interviendraient au plus tard 15 minutes après l’alerte interne. Il ressort de l’analyse juridique intégrée à l’étude de sécurité que jusqu’au terminal de réception et de mesurage de Gaz de France situé à 1 km du point d’atterrage, la canalisation Norfra reste la propriété de Statoil. La réglementation française spécifique au transport de gaz naturel ne serait pas en l’occurrence applicable. Selon l’étude “le gazoduc est jusqu’à la partie amont du terminal un ouvrage public affecté à une mission d’intérêt général”. Notant qu’un ouvrage public peut être la propriété d’une personne privée, elle ajoute que la filiale de Statoil gestionnaire de la canalisation “pourra bénéficier des prérogatives liées à ce droit dans le cadre des dispositions figurant dans le traité à intervenir entre la République Française et le Royaume de Norvège…”

La percée de Norfra, par lequel transitera en 2005 le tiers de la consommation française en gaz naturel, à travers trois usines assujetties à la directive Seveso (la raffinerie Total, Copenor et Stocknord sur la commune de Mardyck) est contraire à la loi française et à la directive européenne. Elle s’est faite sans information sur la nature des risques, les mesures à prendre et le comportement à adopter en cas d’accident auprès des riverains et des ouvriers de la commune et du secteur industriel de Mardyck.
La diversification des sources d’énergie est à l’évidence positive mais les risques du transport et du stockage du gaz naturel ou du gaz liquéfié ne doivent pas être sous-estimés.

 

 

 

 

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