L’A 380 tueur de scarabées

29 juil. 2002

Avant éventuellement l’air, l’A 380 prendra la route entre le port fluvial de Langon et Toulouse; si, en ligne, l’avion “lyrique” relèvera, paraît-il, le défi écologique, sur les routes il s’apprête à se conduire en gougnaffier écraseur de la biodiversité et en champion de la voltige des arbres. Sans compter les lisières forestières, 516 platanes, 129 chênes, 47 tilleuls, des cèdres et pins parasols seraient abattus avec des acacias, des bouleaux, des cerisiers, des cyprès, des érables, des magnolias, des marronniers, des micocouliers, des noyers, des peupliers, des sapins, des robiniers et d’autres sujets non spécifiés, pour ouvrir l’itinéraire à très grand gabarit à travers les Landes, le Gers et la Haute-Garonne.

Dans le Gers, entre Gabarret et Eauze, l’élargissement de la D 656 implique l’abattage de la lisière forestière sur près d’un kilomètre. C’est ici même que vivent les Pique-prunes (Osmoderma eremita), des scarabées dont la protection est obligatoire sur l’ensemble du territoire national. L’arrêté du 22 juillet 1993 stipule que “… sont interdits en tous temps la destruction ou l’enlèvement des oeufs, des larves et des nymphes, la capture ou l’enlèvement”. Sa présence a été confirmée très récemment par des entomologistes membres d’associations régionales reconnues (Nature Midi-Pyrénées et Ende Doman ).
C’est une espèce “clé-de-voûte” pour l’écosystème forestier. Il se nourrit de bois mort, qu’il décompose et transforme en terreau, permettant au sol de garder sa fertilité. Le Pique-prune vit dans les arbres centenaires, ceux-là même que l’élargissement de la D 656 détruirait. Les baliveaux de 1,50 m promis par la Mission de l’Itinéraire à Très Grand Gabarit sont inacceptables pour les Pique-prunes comme pour les Pic-verts qui ont besoin de vieux arbres centenaires.

Le 1er juillet, Robin des Bois a écrit au ministre des Transports avec copie à plusieurs autres ministres et autorités régionales pour les alerter et leur rappeler que la découverte du même scarabée a légitimement interrompu la construction d’une autoroute entre Alençon, Le Mans et Tours. En Midi-Pyrénées, le droit anticipé à une expérimentation dans le cadre de la décentralisation amènerait-il à piétiner la biodiversité? Fin juillet: aucune réponse du gouvernement.

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