Harponner l’Islande !

17 août 2003

Dans les jours qui viennent, à coup de harpons et de grenades de pentrite, l’Islande entend reprendre la chasse à la baleine dans le cadre des permis scientifiques autorisés par l’article VIII de la Convention fondatrice de la Commission Baleinière Internationale – CBI, rédigée en 1946.

Entre l’été 2003 et 2005, l’Islande a planifié la capture de 200 petits rorquals (Balaenoptera acutorostrata), de 200 rorquals communs (Balaenoptera physalus) et de 100 rorquals boréals (Balaenoptera borealis). 4.000 tonnes de viande seraient ainsi placées sur le marché international, principalement à destination du Japon, malgré l’interdiction du commerce international de ces espèces protégées. L’objectif annoncé des recherches est de contribuer à la connaissance du régime alimentaire des baleines. Entre 1986 et 1989, l’Islande a déjà capturé et autopsié 380 baleines. Le bilan scientifique global n’a jamais été publié. Puis, elle a quitté la CBI en 1992 et l’a rejoint en 2002 après un vote controversé, durant une réunion intermédiaire (19 voix pour, 18 contre).

L’Islande cherche à se protéger derrière la couverture juridique de la CBI, comme le Japon et la Norvège. L’extension de cette pratique de la chasse scientifique est d’autant plus inacceptable que des méthodes non-létales et moins coûteuses sont aujourd’hui disponibles. L’Islande insinue que les baleines et en particulier les petits rorquals seraient responsables de la disparition des morues. Cette diversion utilisée par le Canada et le Japon est destinée à cacher les effets dévastateurs de la surpêche et la convergence des pollutions de l’hémisphère nord vers le cercle polaire arctique.

Les protestations diplomatiques sont nombreuses dont celle de la France émise par le Ministère des Affaires Etrangères (1). A Berlin, lors de la dernière session plénière de la CBI en juin, 19 pays membres avaient cosigné une résolution qui condamnait par anticipation les permis de chasse scientifiques islandais. Cette résolution qui a été approuvée souligne que le statut des rorquals boréals dits rorquals de Sei est incertain et que les captures programmées par l’Islande pourraient menacer l’espèce.

Les organisations internationales sont sur le qui-vive. Si l’Islande persiste, Robin des Bois organisera à la rentrée un boycott des produits islandais liés à la pêche, au tourisme et aux transports. D’ores et déjà, les amis de la mer et des baleines sont invités à protester auprès du 1er ministre islandais, de l’ambassade d’Islande en France et de l’office de tourisme islandais (2). Sur le plan national, l’initiative du gouvernement islandais est déjà critiquée par l’Icelandic Tourist Industry Association qui regroupe entre autres activités Icelandair et les promoteurs du whale-watching (observation des baleines). Ce secteur est en effet en pleine expansion : 2.200 whale-watchers en 1995, 62.650 en 2002, 100.000 en prévision en 2007. Entre contempler les baleines ou les tuer, il faudra choisir.

(1)http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/article.asp?ART=36478
(2) M. le Premier Ministre de l’Islande: David Oddsson postur@for.stjr.is

M. le Ministre des Pêches : arni.m.mathiesen@sjr.stjr.is

Ambassade d’Islande : 8 avenue Kléber 75016 Paris

Office National du Tourisme Islandais : 8 avenue Kléber 75016 Paris

Icelandair 12, rue Vignon 75009 Paris.

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