Déminage du Port du Havre : l’information et les populations sont barricadées

9 juin 2001

L’opération de déminage prévue pour le lundi 11 et mardi 12 juin 2001 dans la zone portuaire du Havre est exceptionnelle. L’une des munitions à neutraliser contient 720 kg d’explosifs. Lors de son pétardage en octobre 1999, une munition similaire a déclenché un tremblement de terre de 4,4 sur l’échelle de Richter enregistré par le réseau de surveillance sismique de Strasbourg.
Les bas quartiers résidentiels et balnéaires du Havre sont exposés aux risques pyrotechniques susceptibles de dégrader, de démolir ou de déplacer les biens privés et publics.
Contrairement aux pratiques en vigueur quand des munitions de forte puissance font l’objet de découverte et de neutralisation, les populations ne seront pas évacuées. Elles sont incitées à se barricader chez elles, volets fermés et fenêtres ouvertes. Il est recommandé de se tenir le plus éloigné possible des baies vitrées, nombreuses dans ces immeubles de front de mer.


Vis-à-vis d’un risque maximal, les autorités de l’Etat ont élaboré un plan minimaliste de sécurité. Les bacs pétroliers d’une capacité d’1 million de tonnes compris dans le périmètre de sécurité n’ont pas été inertés. Le plan Polmar n’a pas été activé.
Cette première opération de déminage / débombage est consécutive aux travaux de « Port 2000 », le projet de port externe du Port Autonome du Havre, implanté dans l’estuaire de la Seine. Ce projet aux coûts économiques et écologiques exorbitants est préféré à une réorganisation interne du port actuel et à l’amélioration de ses équipements et infrastructures. Hyper centralisé, il ne fait pas appel à la complémentarité des autres ports de la Baie de Seine que sont Cherbourg, Caen, Fécamp et
Dieppe. Grâce à des promesses vagues et à des actions ponctuelles de concertation, l’Etat et le Port Autonome du Havre ont réussi à déminer les oppositions, sauf celle du Conseil Général du Calvados et de Robin des Bois dont les actions en référé seront examinées fin juin par le Conseil d’Etat. L’un des motifs développé par Robin des Bois est justement l’absence de prise en considération et d’informations relatives aux opérations de neutralisation des munitions abandonnées depuis 50 ans dans l’emprise du projet, lors du Grand Débat Public et de l’Enquête Publique, entre 1996 et 2001.
L’importance, la complexité, et le coût des opérations de reconnaissance et de déminage /débombage étaient connus du Port Autonome du Havre mais inconnus du public jusqu’aux révélations de Robin des Bois en octobre 2000.

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