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Le bois de rose, les éléphants d’Afrique, l’ours blanc et le canard des Mariannes

La 15ème Conférence des Parties à la CITES, Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, se tiendra du 12 au 25 mars 2010 à Doha au Qatar. Comme à chaque session depuis 1989, Robin des Bois sera présent.

Le bois de rose, pau rosa (Aniba rosaeodora duckei) :
Chanel utilise de l’essence de bois de rose dans le n°5. En 1997, une controverse a surgi à ce sujet entre le parfumeur et Robin des Bois. Elle s’est conclue par un accord mutuel sur la nécessité de protéger le bois de rose notamment par un contrôle du commerce international en inscrivant l’espèce à l’annexe 2 de la CITES et par des essais de plantation en Guyane française. Actuellement, les huiles ou essences de bois de rose mises sur le marché sont pour la plupart d’origine chimique mais elles peuvent contenir des traces d’essence naturelle. Le marché des huiles certifiées « agriculture biologique » à usage d’aromathérapie s’est emparé de l’huile de bois de rose allant jusqu’à lui prêter des vertus anti-dépressive et aphrodisiaque. Le Brésil, principal pays de l’aire de répartition, propose l’inscription du bois de rose en annexe 2. L’ensemble de la parfumerie française y est favorable. Plus de 10 ans après le début de la campagne de Robin des Bois, le long temps de la diplomatie, cette proposition est un enjeu pour l’association. Ce n’est pas gagné d’avance ; les Etats qui tirent profit des ressources forestières sont en général très réticents à l’inscription d’un arbre dans les annexes 1 ou 2. En l’espèce il faut saluer la clairvoyance du Brésil.

Disponibles en lien :
Proposition d’inscription du Brésil, 2010 (pdf). [1]
Réunion commune Chanel et Robin des Bois, 5 novembre 1997 (pdf). [2]
Le bois de rose, son exploitation, ses utilisations et la campagne bois de rose racontés dans la Flèche, journal de Robin des Bois (pdf 3 Mo). [3]
La synthèse remise à tous les délégués de la CITES en 2000 (pdf). [4]

Processus d’extraction du pau rosa dans la forêt amazonienne et fabrication de l’huile dans une distillerie artisanale (cf Fleches [3] pdf).

Les éléphants d’Afrique (Loxodonta africana)

L’éléphant est confronté aux guerres, aux déplacements des populations humaines, aux parcages touristiques, à la déforestation, à la recrudescence de citoyens chinois impliqués dans des trafics d’ivoire sur le continent africain et enfin au nationalisme accapareur et incompatible avec sa nature et son statut de migrateur reconnu par la Convention de Bonn relative à la conservation des espèces migratrices. A la dernière Conférence des Parties (La Haye, juin 2007) a été autorisée une vente unique de 108 tonnes d’ivoire constituées des stocks du Botswana, de la Namibie, de l’Afrique du Sud et du Zimbabwe dont les populations d’éléphants sont inscrites à l’annexe 2. Cette vente unique a été réalisée à destination du Japon et de la Chine. Elle devait être suivie d’un moratoire de 9 ans de tout commerce international officiel. Or, la Tanzanie et la Zambie proposent aujourd’hui que « leurs » populations d’éléphants soient à leur tour déclassées en annexe 2 aux fins de commercialiser les stocks gouvernementaux qui s’élèvent en poids cumulé à 111 tonnes d’ivoire. La Tanzanie et la Zambie sont des plaques tournantes de la contrebande d’ivoire et des sanctuaires pour … le braconnage. Ces nouvelles propositions contribuent à l’érosion progressive de l’interdiction du commerce international de l’ivoire décidée par la CITES à Lausanne en 1989. En contre-attaque, le Ghana, le Kenya, le Liberia, le Mali, le Congo, le Rwanda et la Sierra Léone, soutenus par le Bénin, le Burkina Faso, la République Centrafricaine, la Guinée équatoriale, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Togo et le gouvernement du Sud Soudan proposent une suspension de toute transaction commerciale internationale pendant 20 ans applicable pour toutes les populations d’éléphants qu’elles soient inscrites en annexe 1 ou 2. Il serait temps que l’Europe et la France entendent leurs voix. Robin des Bois est favorable à cette proposition : http://www.cites.org/fra/cop/15/prop/F-15%20Prop-06.pdf [10] Le prix du kilo d’ivoire sur le marché noir en Asie est passé de 750 USD en 2006 à 1860 USD en 2009.

L’ours blanc (Ursus maritimus)

L’ours polaire est la mascotte de tous les annonciateurs du réchauffement climatique. En fait, l’avenir de l’espèce est d’ores et déjà menacé par les déchets et décharges qui dégradent les territoires arctiques et par les rejets des pays sub-arctiques qui sont transportés vers le pôle Nord par les courants marins et atmosphériques. Ursus maritimus, gros mangeur de poissons et de phoques est contaminé par les PCB. Le commerce international de trophées de chasse et de pelisses d’ours blanc est en augmentation : au moins 2000 objets par an selon la base de données de la CITES et sans compter la contrebande dont la principale source pourrait être les territoires arctiques russes. Le déclin général des populations et l’application légitime du principe de précaution vis-à-vis de l’augmentation de la demande sur le marché mondial et de la diminution des glaces de mer de l’Océan arctique justifient la proposition d’inscription en annexe 1 présentée par les Etats-Unis. Robin des Bois y est tout à fait favorable tandis que l’Union Européenne et la France sont incroyablement indécises. Le Canada y est formellement opposé. L’ours blanc est inscrit à l’annexe 2 depuis 1975.

Disponibles en lien :
Proposition des Etats-Unis. [11]
Polar Star n°2 numéro spécial « 2750 sites pollués en Arctique » [12]

ours-robindesbois [13]
Le spécimen ci-dessous de 2,80 m de haut est actuellement en vente chez Stéphane Olivier, rue de l’Université, Paris 6ème au prix de 45.000 euros. Tel : 01-42-96-10-00

Le canard des Mariannes (Anas oustaleti)

Inscrit en annexe 1 à la première session plénière de la CITES en 1973, il fait maintenant l’objet d’une demande de radiation de l’annexe 1. Et pour cause, l’espèce a disparu. La dernière trace d’un commerce international relatif au canard des Mariannes remonte à 2005 et concerne 10 plumes. Cantonné aux îles de Guam, de Tinian, et de Saipan dans le Pacifique de l’Ouest, il a été observé et décrit par les explorateurs du 19ème siècle. Il ressemblait au canard colvert. Dans l’archipel des Mariannes, il a été victime de menaces universelles, chasse, prédation par des espèces invasives, assèchement des zones humides ; plus de 250 vaines campagnes d’observation menées entre 1979 et 1993 autour de zones humides saisonnières supérieures à 0,5 hectares amènent les biologistes à considérer l’espèce comme définitivement disparue. Toutes les tentatives de reproduction en captivité ont échoué.
Proposition de radiation : http://www.cites.org/fra/cop/15/prop/F-15%20Prop-07.pdf [14]
Toutes photos © Robin des Bois/C. Nithart et D. Bruno

La CITES compte 175 Etats membres. Les décisions se prennent à la majorité des 2/3. L’annexe 1 interdit le commerce international, l’annexe 2 le réglemente. L’annexe 3 est décidée unilatéralement par un Etat et appelle les autres pays membres de la CITES à apporter leur assistance pour contrôler le commerce. Le compte-rendu de la précédente plénière de la CITES est disponible (pdf) [15].