Bow Eagle: la fuite dans les idées

11 mars 2003

La protection de l’armateur norvégien du Bow Eagle s’est organisée dans les heures qui ont suivi la collision avec le Cistude en août 2002.

Le simulacre mis en oeuvre par les autorités françaises ne pouvait pas contribuer à l’établissement de la vérité. L’interrogatoire en 6 heures des 29 membres d’équipage au large de Dunkerque, en territoire norvégien, est une entourloupe procédurale. Sur un bateau battant pavillon de complaisance (Norway International Ship Register) s’est déroulé un acte de justice de complaisance.

Maître Henri de Richemont était sur le Bow Eagle au large de Dunkerque. Spécialisé dans le droit maritime international, il est par ailleurs vice-président de la région Poitou-Charentes. Il était selon ses dires chargé de “déterminer les circonstances de l’accident et d’assurer la liaison entre le commandant et les hommes de la préfecture maritime française “. Une liaison ou une mission qui a bien fonctionné puisque le Bow Eagle a pu sans délais rejoindre Rotterdam, première étape vers l’exportation du procès en Norvège.

M. de Richemont était l’avocat de l’armateur turc du Marmara Princess qui en février 2001 a été impliqué dans le naufrage du chalutier Beau Rivage , et a pris la fuite sans aider les deux hommes d’équipage. Le Marmara Princess avait fait l’objet d’une saisie conservatoire et a été immobilisé pendant plusieurs jours dans le port de Saint-Nazaire. La saisie avait été levée après le versement d’une caution de 7 millions de francs.
L’article 98 de la Convention des Nations-Unies sur le droit de la mer fixe obligation d’assistance en cas d’abordage. Si les circonstances de l’accident relèvent en effet de l’État du pavillon, la justice française est compétente en matière de non-assistance aux victimes françaises du naufrage.

Le procès de Bergen aboutit à la seule mise en cause d’un marin philippin; il épargne l’armateur norvégien, 2ème transporteur mondial de produits chimiques, et le commandement du navire. Dans l’une des zones les plus dangereuses de l’océan mondial, où les conflits d’usage entre flotte de pêche et navires de commerce sont fréquents, le capitaine norvégien et son second dormaient et n’ont pas réagi quand le Cistude, un bateau de 300 tonnes en acier, s’est encastré sur l’étrave du Bow Eagle, a rebondi sur tout le flanc babord et percé la double coque.

Le procès, le seul qui puisse éclairer les responsabilités et démontrer l’incompétence ou les mensonges de la compagnie, notamment dans le cadre de l’ISM (International Safety Management), doit impérativement avoir lieu en France conformément à l’information judiciaire ouverte au lendemain du drame aux Sables-d’Olonne.

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