Barrage à l’arsenic !

5 juil. 2001

La piste de l’arsenic remontée par Robin des Bois à partir du moulin du Bosc et de l’usine à gaz de Lodève révèle des taches de contamination et des sites pollués à chaque maillon de la filière. La responsabilité de la société d’économie mixte Bas-Rhône-Languedoc (BRL) dans la dispersion au début des années 60 des produits toxiques entreposés sur les emprises du complexe minier d’Avène est maintenant manifeste. BRL a racheté l’ensemble des installations de la mine et des ateliers de traitement dans le cadre de la construction du barrage d’Avène.

40 ans plus tard, la dispersion continue: le site de l’ancienne usine de fabrication de produits phytosanitaires, propriété de BRL au lieu-dit “Le Mas Neuf” sur la commune de Roqueronde, n’a jamais été décontaminé. Proche de la gare de Ceilhes-Roqueronde, plusieurs habitants vivent à proximité, et cultivent des jardins potagers. De multiples zones polluées sont détectables en surface, comme le démontre l’absence de végétation sur les résidus abandonnés depuis des décennies au milieu de friches foisonnantes. En sous-sol les réseaux d’évacuation des effluents liquides vers l’Orb n’ont pas été purgés de leurs sédiments et tartres pollués. La rivière est atteinte, l’analyse des sédiments prélevés par le Groupement d’Etudes sur les Pollutions Industrielles en septembre 2000 au droit du site le révèle.

Quant aux sédiments contenus dans le lac réservoir du barrage d’Avène, leur contamination par l’arsenic, le plomb, le zinc, le cuivre…est avérée dans la même étude. Le relargage de ces sédiments est remarqué par les riverains et les municipalités situés en aval, qui se plaignent d’épisodes de “laitance” de l’eau, nuisibles aux activités touristiques. Là encore BRL disperse sans contrôle la charge polluante de ses sites.

Selon les témoignages recueillis par Robin des Bois à Avène, à Ceilhes et à Roqueronde, la société BRL, juste avant la mise en eau du barrage, a procédé à l’évacuation par trains et par camions de grandes quantités de résidus miniers et de produits chimiques déclassés. Vers quelles destinations, dans quelles conditions ont-ils été stockés, une enquête devra l’établir. Les conditions dans lesquelles le stock d’insecticides à base d’arsenic a été dispersé dans l’Hérault font redouter des pratiques analogues pour les autres produits toxiques. Un site particulièrement suspect est à investiguer: la grange au lieu-dit Cambous, sur la commune de St-André-de-Sangonis, où l’insecticide retrouvé dans la décharge d’Aspiran en 1983 était précédemment entreposé.

Robin des Bois attend avec impatience que BRL sorte du mutisme qu’elle observe depuis la révélation de la pollution du moulin du Bosc. La diffusion de l’ensemble des bordereaux de suivi des déchets enlevés du complexe minier d’Avène est indispensable afin d’évaluer les risques potentiels pour la santé des populations. Des analyses complètes des sédiments de l’Orb et du lac réservoir du barrage d’Avène doivent être réalisées en incluant, au-delà de l’arsenic, tous les paramètres chimiques produits ou mis en oeuvre par l’exploitation minière sur le site.

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