Bangkok: on achève bien les éléphants

11 oct. 2004

Bangkok – Convention sur le commerce international d’espèces animales et végétales menacées d’extinction (CITES ou Convention de Washington)

En première lecture, les propositions du Kenya, en partie inspirées par sa Secrétaire de l’Environnement qui vient d’être distinguée par le prix Nobel de la Paix, viennent d’être rejetées, malgré les votes favorables (liste non exhaustive) du Mali, du Libéria, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, du Tchad, du Congo, du Togo et de l’Union Européenne. Elles visent à suspendre le commerce international de l’ivoire.

Par contre, un écran de fumée qualifié de Plan d’action pour le contrôle du commerce de l’ivoire d’éléphant d’Afrique va sans doute être adopté par consensus dans les heures qui viennent. Bien informé grâce à son imposante délégation (60 membres environ, par contraste avec certains pays africains dont la délégation se compose d’un seul membre), le WWF a déjà applaudi vendredi à “cette victoire majeure pour la protection des éléphants”.

Il n’y a pourtant pas de quoi triompher. Comme son nom l’indique, ce plan ne s’intéresse qu’aux éléphants d’Afrique, au détriment de l’éléphant d’Asie.

Il recommande le lancement de campagnes de sensibilisation du public pour éviter qu’il ne ramène de l’ivoire illégal de ses lieux de travail ou de vacances en Afrique. Plusieurs campagnes de ce genre ont déjà été initiées en vain à l’aide de prospectus et d’affichage 4×3 dans certaines métropoles européennes et dans les aéroports.

Il recommande aux pays africains de recourir à des identifications d’ADN pour établir la traçabilité et la légalité des ivoires mis sur les marchés en Afrique; on voit bien dans les conditions actuelles les états Africains recourir avec fiabilité à ces technologies prohibitives.

Il lance un appel vibrant et pathétique à Interpol pour que “les chefs de la police et des douanes d’Afrique soient informées de cette initiative”.

En outre l’accomplissement de ce plan sera vérifié par des organisations internationales et non gouvernementales comme Traffic (émanation du WWF) ou les organes de la CITES. Les auteurs du plan en seront aussi les évaluateurs. Indépendance garantie.

La nouvelle demande d’exportation soumise par la Namibie de 10 tonnes d’ivoire brut vient d’être refusée, tandis que l’exportation des peaux brutes, des peaux travaillées et des poils d’éléphant en provenance d’ Afrique du Sud et de Namibie est approuvée .

Seule la suspension du commerce international de l’ivoire et de toutes les parties de l’éléphant serait donc en mesure d’endiguer le raz de marée de l’ivoire qui par toutes les filières clandestines possibles – fausses antiquités, trafic aérien, trafic maritime – a envahi au moins 140 pays de la communauté mondiale alors que l’aire de répartition des éléphants comprend 37 pays et que la réouverture partielle et officielle n’intéresse que l’Afrique du Sud, le Botswana, le Zimbabwe et la Namibie, avec un seul pays destinataire, le Japon.

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