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221 dégazages sauvages en eau douce

Marées noires dans le bassin Loire-Bretagne.
Cartographie et Inventaire par département disponibles sous PDF [1]

Depuis la marée noire de l’Erika, Robin des Bois a mis en place un observatoire des pollutions par hydrocarbures survenant sur le territoire français dans les puits, les cours d’eau, les plans d’eau et les bassins portuaires, et ayant fait l’objet d’un article dans la presse régionale.

Dans le bassin hydrographique Loire-Bretagne, 221 pollutions ont été relevées en 5 ans (janvier 2000 / 15 décembre 2004). Le bassin Loire-Bretagne compte 155.000 km de fleuves et rivières, dont 30.000 en Bretagne et 5.000 en Vendée. Le granit du massif armoricain et du massif central sont aux extrémités nord et sud du réseau. Les fleuves côtiers de Vendée et de Bretagne, la Loire et ses tributaires, sont les hôtes des grands poissons migrateurs de l’Atlantique : saumon, lamproie, alose et anguille dont les peuplements sont en régression. Le bassin Loire-Bretagne irrigue en eau douce 40% du littoral français, où se concentrent d’importantes cultures marines et ressources halieutiques et conchylicoles.

Tout le monde participe à cette banale sarabande des hydrocarbures : vidangeurs du dimanche, bricoleurs sous RTT, livreurs de fioul, gardiens de citernes domestiques, agricoles, industrielles, collectivités sous-équipées en matière de traitement des eaux pluviales, sites industriels ou logistiques en activité, pompes à essence. De nouvelles sources font leur apparition comme les groupes électrogènes d’antennes relais téléphoniques et d’autres s’installent comme les sites industriels fermés et en déshérence, ou se développent, tel le vandalisme. Le fléau n’épargne aucune vénérable institution : église, centrale nucléaire, caserne de gendarmerie, INRA (Institut National de Recherche Agronomique). Les conséquences écologiques sont généralement amorties et non précisées, voire enjolivées ; les irisations sont ” couleur arc-en-ciel “. Des bottes de paille et des buvards absorbants servent le plus souvent de barrages anti-pollution, et le sort des déchets de marées noires est totalement inconnu. Les quantités déversées sont floues.

Les principaux émetteurs de marées noires intérieures sont les poches de Nevers/Bourges/Vierzon, Limoges/Guéret, l’axe Poitiers/Angers/Laval/Le Mans/. L’ouest de la Bretagne entre Saint-Brieuc et Vannes, avec l’apport des pollutions portuaires, les bassins de la Vie et du Lay autour de la Roche-sur-Yon et l’estuaire de la Loire sont aussi très impliqués.

L’eau de mer finit toujours par être malade de l’eau douce. Les estuaires stockent des polluants produits par l’ensemble du bassin versant. Les teneurs y sont largement supérieures aux moyennes des sédiments du littoral et des eaux intérieures. Les crues servent de purges à micro-polluants qui sont en partie transportés par les fleuves jusqu’aux embouchures. C’est ainsi que la pollution de la Sérigoule à Tence (43) au sud de Saint-Etienne (4 avril 2001) qui se jette dans le Lignon qui se jette dans la Loire, et que celle de l’Allier (11 juillet 2004, cf. cartographie), 30.000 litres de fioul en provenance de la citerne poreuse d’un collège, libèrent des contaminants nuisibles beaucoup plus loin que sur les lieux du dégazage où selon un journaliste de la Montagne ” plusieurs martins-pêcheurs étaient déjà en fin de journée victime de cette marée noire “.

La solidarité de bassin entre 31 départements est encore un vain mot, et le lien entre les martins-pêcheurs des gorges de la Loire et les soles débarquées au Croisic n’est pas encore perçu par l’ensemble des auteurs des pollutions et des pouvoirs publics et judiciaires. Quelques enquêtes sont entrouvertes et vite classées dans la tombe des hydrocarbures inconnus (plus des 2/3 des pollutions). A l’unisson des efforts qui sont entrepris en mer par les préfectures maritimes et du renforcement très significatif des sanctions consécutives à des déversements d’hydrocarbures en pleine mer par des navires, il importe que les préfectures terrestres et les tribunaux compétents rassemblent tous les éléments de preuve suite à des pollutions de rivières et s’attachent à sanctionner systématiquement les auteurs souvent récidivistes.